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Le gouvernement français relance l’idée des 7 heures de travail « gratuit »

Le gouvernement envisage une mesure choc pour combler le déficit de la Sécurité sociale : faire travailler gratuitement les Français 7 heures de plus par an. Retour sur une proposition qui divise...

Une idée fait son retour sur le devant de la scène politique française : faire travailler les salariés sept heures de plus par an, sans rémunération supplémentaire. Cette mesure, déjà proposée puis retirée à l’automne dernier, est remise sur la table par le gouvernement Bayrou.

Une « contribution de solidarité par le travail » pour réduire le déficit

Selon des sources proches de l’exécutif, cette piste est sérieusement envisagée pour combler le déficit de la Sécurité sociale, estimé à plusieurs milliards d’euros. Concrètement, cela reviendrait à demander à chaque salarié de travailler l’équivalent de sept heures supplémentaires dans l’année, sans contrepartie financière.

La ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin a défendu cette mesure dans les médias ce week-end, rappelant qu’elle avait été proposée par des sénateurs centristes et de droite dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Selon elle, cette « contribution de solidarité par le travail » pourrait rapporter deux milliards d’euros dès 2025.

Une application « souple » en entreprise

Pour rendre la pilule moins amère, le gouvernement insiste sur la « souplesse » qui serait laissée aux entreprises et branches professionnelles pour appliquer cette mesure. « Ça peut se traduire par une journée par an, ça peut se traduire par 1h40 par mois », a précisé un sénateur Les Républicains favorable au dispositif.

En contrepartie de ces heures travaillées gratuitement, les employeurs verraient leur contribution de solidarité pour l’autonomie, versée à la Sécurité sociale, doubler de 0,3% à 0,6%. Un mécanisme qui permettrait de dégager des fonds conséquents pour les caisses publiques.

Un sujet clivant, même au sein de la majorité

Mais cette proposition est loin de faire l’unanimité, y compris dans les rangs de la majorité. Déjà l’an dernier, le Premier ministre Michel Barnier s’était dit « très réservé sur cette idée, complexe à mettre en œuvre ». Des réticences partagées par certains députés du camp présidentiel, inquiets de l’impact d’une telle mesure sur le pouvoir d’achat des Français.

À gauche, la critique est encore plus virulente. La France Insoumise dénonce « un scandale » et « un cadeau de plus au patronat sur le dos des salariés ». Le Parti Socialiste ironise en proposant carrément de « supprimer les 35 heures » et de « revenir aux 48 heures » hebdomadaires.

Le Parlement aura le dernier mot

Face à ces réactions, le gouvernement joue la prudence. « Nous respecterons le débat parlementaire à venir sur le sujet », a assuré Catherine Vautrin, renvoyant la balle dans le camp des députés et sénateurs. C’est en effet au Parlement qu’il reviendra de trancher, dans le cadre de la nouvelle lecture du projet de budget de la Sécurité sociale.

Les discussions s’annoncent animées, tant le sujet est sensible. D’un côté, la nécessité de trouver de nouvelles recettes pour financer notre modèle social. De l’autre, la crainte de trop solliciter des salariés déjà mis à contribution. Un dilemme cornélien pour l’exécutif, qui devra convaincre une partie de sa majorité, tout en composant avec une opposition remontée.

Une chose est sûre : le débat sur le temps de travail, question lancinante du paysage social français, est loin d’être clos. Et cette proposition des sept heures « gratuites », qu’elle soit adoptée ou non, aura eu le mérite de le relancer, pour le meilleur ou pour le pire.

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