Depuis la promulgation de l’Inflation Reduction Act (IRA) en août 2022, le gouvernement Biden a entamé des discussions cruciales avec les laboratoires pharmaceutiques pour réduire le coût de certains médicaments. Après avoir obtenu des baisses tarifaires pour une première vague de 10 médicaments, l’administration vient d’annoncer une nouvelle liste de 15 produits, visant notamment à traiter le cancer et le diabète, dont elle va négocier les prix.
Limiter le reste à charge pour les bénéficiaires de Medicare
L’objectif principal de ces négociations est de soulager financièrement les Américains de 65 ans et plus bénéficiant du programme de couverture santé publique Medicare. En obtenant des tarifs plus avantageux auprès des laboratoires, le gouvernement espère limiter, voire supprimer, le reste à payer pour ces patients sur les médicaments concernés.
Cette démarche s’inscrit également dans une volonté de réduire le coût que représente pour l’État le remboursement de ces traitements. Selon les estimations du ministère de la Santé, les 15 nouveaux médicaments listés ont été utilisés par environ 5,3 millions de personnes aux États-Unis entre novembre 2023 et octobre 2024, pour une facture totale de 41 milliards de dollars à la charge de Medicare.
Un processus encadré malgré les contestations
Si certains grands laboratoires ont initialement tenté de contester ce procédé de négociation, la plupart ont fini par s’y rallier face aux lourdes sanctions prévues en cas de refus. Des procédures judiciaires sont encore en cours pour bloquer l’application de la loi IRA, mais nombre d’entre elles ont déjà été rejetées.
Les laboratoires concernés par cette nouvelle vague de négociations ont jusqu’au 28 février pour décider s’ils souhaitent y participer. En cas de réponse négative, ils s’exposent à des amendes considérables, voire à l’arrêt du remboursement de tous leurs médicaments par Medicare. Un choix risqué au vu du poids de ce programme dans le système de santé américain.
Une avancée significative pour l’accès aux soins
Pour Xavier Becerra, secrétaire à la Santé, ces négociations représentent une véritable victoire :
L’an dernier, nous avons prouvé que négocier pour faire baisser le prix des médicaments fonctionnait. C’est une belle manière d’achever les quatre années du mandat du président Biden.
Avec les 10 médicaments déjà négociés et les 15 nouvellement ajoutés, ce sont près de 36% des coûts de remboursement de Medicare qui seront potentiellement réduits. Une économie substantielle pour le programme, mais surtout un accès facilité à des traitements essentiels pour de nombreux Américains âgés.
Un bilan en demi-teinte pour l’industrie pharmaceutique
Si ces négociations représentent une avancée indéniable pour les patients, elles sont accueillies avec plus de réserve par les laboratoires pharmaceutiques. Ces derniers craignent que la baisse des prix n’impacte leurs investissements en recherche et développement, freinant potentiellement l’innovation.
Toutefois, comme le souligne une source proche de l’industrie, ces négociations pourraient aussi favoriser une plus grande transparence sur les coûts réels de développement et de production des médicaments. Une opportunité pour les laboratoires de regagner la confiance du public, régulièrement ébranlée par les polémiques sur les prix exorbitants de certains traitements.
Une politique de santé publique ambitieuse
Au-delà de l’enjeu financier, ces négociations s’inscrivent dans une politique de santé publique plus large, visant à garantir un accès équitable aux soins pour tous les Américains. Comme le rappelle Xavier Becerra :
La santé ne devrait pas être un luxe réservé à ceux qui peuvent se le permettre. En réduisant le coût des médicaments, nous donnons à chacun une chance de rester en bonne santé et de vieillir dans la dignité.
Un message fort, qui résonne particulièrement en cette période de crise sanitaire et économique. Reste à voir si les laboratoires joueront le jeu de ces négociations, et si les baisses de prix obtenues seront à la hauteur des attentes des patients et des pouvoirs publics.
Une chose est sûre : la question de l’accès aux médicaments et de la régulation des prix dans l’industrie pharmaceutique est plus que jamais au cœur du débat public aux États-Unis. Et les négociations entamées par l’administration Biden pourraient bien marquer un tournant dans la façon dont le pays gère ses dépenses de santé.
