L’avenir du gouvernement de Michel Barnier semble de plus en plus incertain. Alors que le Premier ministre s’apprête à recourir à l’article 49.3 pour faire adopter son projet de budget 2025, une grande partie de l’opposition se prépare à riposter. En première ligne, le leader de La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon, qui n’hésite pas à prédire la chute imminente de l’exécutif.
Invité ce dimanche sur France 3, l’ancien candidat à la présidentielle s’est montré catégorique. Selon lui, le gouvernement Barnier «va tomber entre le 15 et le 21 décembre» prochains. Une prédiction audacieuse, qui s’appuie sur la fragilité de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale depuis les élections anticipées de cet été.
LFI prête à en découdre avec une motion de censure
Face à la perspective du 49.3, les troupes de Jean-Luc Mélenchon ne cachent pas leur intention de répliquer par une motion de censure. Un scénario redouté par l’exécutif, qui pourrait rapidement le faire chuter s’il ne parvient pas à convaincre suffisamment de députés de le soutenir.
Le parti à la flamme, lui, cultive le mystère sur ses intentions. Une source parlementaire proche de Marine Le Pen confie néanmoins que le Rassemblement national «n’a pas encore tranché sur sa stratégie» concernant une éventuelle motion de censure. De quoi laisser planer le doute sur la survie du gouvernement.
Mélenchon maintient Lucie Castets comme candidate à Matignon
Si le gouvernement Barnier venait effectivement à tomber, Jean-Luc Mélenchon a d’ores et déjà une idée de la suite. Le tribun Insoumis a ainsi «rappelé solennellement» que Lucie Castets «reste» la candidate de la gauche pour prendre la tête du gouvernement, malgré le refus d’Emmanuel Macron de la nommer en août dernier.
«C’est la position des Insoumis, pas celle des socialistes. On a passé des heures à discuter de ça, on ne va pas recommencer à chaque fois qu’il y a un changement de gouvernement»
Jean-Luc Mélenchon, sur France 3
Scénario d’une présidentielle anticipée
Mais le leader de LFI envisage aussi un autre scénario, encore plus explosif : celui d’une destitution d’Emmanuel Macron, qui déboucherait sur une élection présidentielle anticipée. Un cas de figure certes improbable à ce stade, mais sur lequel Jean-Luc Mélenchon ne ferme pas complètement la porte.
«Si c’est une élection qui a lieu tout de suite, sans doute que je peux être incité à y aller. Si c’est en 2027, nous avons une relève suffisante», a ainsi glissé le leader Insoumis. Avant d’ajouter, non sans malice, son souhait d’être «remplacé».
Une menace pour l’équilibre institutionnel ?
Au-delà des calculs politiques, la possible chute rapide d’un nouveau gouvernement soulève des questions sur la stabilité des institutions. Après une séquence politique déjà très mouvementée depuis le printemps, marquée par une dissolution et des législatives anticipées, un nouveau changement à Matignon risquerait de saper un peu plus la confiance dans le système politique.
Un argument balayé par Jean-Luc Mélenchon, qui estime au contraire que le «blocage» actuel appelle des réponses fortes. «Il faut que ça bouge», a-t-il martelé, réaffirmant au passage son objectif d’imposer une cohabitation au président de la République.
Reste à savoir si la prédiction du leader Insoumis se réalisera. Réponse dans les prochaines semaines, avec un mois de décembre qui s’annonce en tout cas décisif sur le plan politique. Les Français retiendront en tout cas leur souffle, en espérant secrètement que cette nouvelle séquence d’instabilité ne les mène pas tout droit vers une énième crise politique.