L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le paysage médiatique argentin. Le gouvernement ultralibéral du premier ministre Javier Milei a officialisé ce lundi 1er juillet la fermeture de l’agence de presse publique Télam, pour la transformer en une agence de publicité et de propagande d’État. Une décision brutale et choquante, qui porte un coup sévère au pluralisme de l’information dans le pays.
Télam, une institution sacrifiée sur l’autel de l’ultralibéralisme
Fondée en 1945, Télam était la plus ancienne et la plus respectée des agences de presse d’Amérique latine. Avec ses 700 employés, elle produisait chaque jour des centaines de dépêches, photos, vidéos et contenus radio, couvrant l’actualité nationale et internationale de manière indépendante et professionnelle. Un travail d’intérêt public, brutalement remis en cause par l’idéologie ultralibérale du gouvernement Milei.
Celui-ci justifie en effet la fermeture de Télam en accusant l’agence d’avoir été utilisée comme “agence de propagande kirchneriste” par le passé, en référence aux gouvernements de centre-gauche des Kirchner. Un prétexte fallacieux pour mettre au pas et museler ce média public gênant, dans la droite ligne de la politique économique impitoyable de Milei, surnommé “le fou” pour ses positions radicales.
Nous maintenons notre lutte pour défendre l’emploi et le rôle social des médias publics, que ce gouvernement a l’intention de détruire.
– Communiqué des syndicats et employés de Télam
Une “Agence de Publicité d’État” à la place du journalisme
Désormais, l’ex-Télam sera donc recentrée sur “l’élaboration, la production, la commercialisation et la distribution de matériel publicitaire national et/ou international”, selon le texte officiel. Autrement dit, faire la promotion du gouvernement et de sa politique, au mépris de la mission d’information. Un outil de propagande digne des pires régimes autoritaires, qui piétine allègrement la liberté de la presse.
Du côté des employés et des syndicats de Télam, c’est la consternation. Certains ont accepté un départ volontaire à la retraite, d’autres devraient être intégrés dans la nouvelle structure publicitaire. Mais tous dénoncent unanimement un coup terrible porté au droit des citoyens à une information libre et indépendante.
La presse publique, cible privilégiée des ultralibéraux
Le sort de Télam illustre malheureusement une tendance lourde dans de nombreux pays gouvernés par des partis ultralibéraux ou d’extrême-droite : les médias publics et indépendants sont attaqués, démantelés, transformés en organes de propagande au service du pouvoir en place.
- Au Brésil, Bolsonaro avait menacé de privatiser la TV Brasil et la chaîne éducative TV Escola.
- En Hongrie, Viktor Orban a placé les médias publics sous la coupe de ses proches.
- Aux États-Unis, Trump voulait supprimer les financements publics de NPR et PBS.
Ces leaders réactionnaires voient d’un très mauvais œil l’esprit critique et le rôle de contre-pouvoir que peuvent jouer des médias publics indépendants. Ils cherchent à imposer leur vision unique en réduisant au silence les voix discordantes, au mépris du débat démocratique.
La fermeture de Télam en Argentine est donc un nouveau signal très inquiétant pour la liberté de la presse et le droit à l’information des citoyens. Cela exige une mobilisation des journalistes et de la société civile pour défendre coûte que coûte le journalisme d’intérêt public face aux attaques des gouvernements réactionnaires. L’avenir de nos démocraties en dépend.