Le gouvernement américain pourrait-il bientôt détenir sa propre réserve stratégique de bitcoins ? C’est en tout cas le souhait exprimé par l’ex-président et nouveau locataire de la Maison Blanche Donald Trump. Mais le chemin vers une telle initiative pourrait s’avérer semé d’embûches, tant sur le plan juridique que politique.
Plus de 200 000 bitcoins déjà aux mains du gouvernement
Actuellement, le gouvernement américain possède déjà un trésor caché de 208 109 bitcoins, d’une valeur de plus de 19 milliards de dollars selon les données d’Arkham Intelligence. Ces avoirs ont été accumulés au fil des ans via des confiscations liées à des activités criminelles.
Historiquement, les autorités revendaient ces bitcoins saisis lors d’enchères publiques. Mais en juillet dernier, alors candidat, Donald Trump a promis un changement de cap : conserver 100% des avoirs en bitcoin actuels et futurs. Une annonce qui a suscité l’enthousiasme des partisans des cryptomonnaies.
Une mise en œuvre complexe
Malgré la volonté affichée, passer de la promesse à la réalité pourrait s’avérer délicat. En effet, aucune procédure n’est actuellement établie pour mettre en place une telle réserve stratégique de bitcoins. Sa création nécessiterait probablement une coordination entre plusieurs agences gouvernementales comme le Département de la Justice, le US Marshals Service et le Trésor américain.
Nous n’avons rien de concret, juste un discours de campagne assez générique. Peut-on transférer des fonds entre agences fédérales de cette manière ? Je ne sais pas.
– Perianne Boring, fondatrice de la Digital Chamber of Commerce
Selon les experts, la nature exacte des bitcoins saisis et l’agence qui les détient pourraient influencer la marche à suivre. Dans certains cas, une loi du Congrès pourrait s’avérer indispensable pour entériner le transfert des avoirs vers une réserve officielle.
Le Congrès, un soutien indispensable ?
Certains élus vont encore plus loin et militent pour que les États-Unis achètent activement du bitcoin pour garnir leurs réserves. C’est notamment le cas de la sénatrice républicaine Cynthia Lummis, qui a déposé un projet de loi visant à vendre une partie des réserves d’or nationales pour acquérir 1 million de bitcoins, soit plus de 90 milliards de dollars aux cours actuels.
Si l’adoption d’une telle loi pourrait se heurter à des résistances, notamment chez les démocrates, certains y voient une opportunité avec le retour d’une majorité républicaine au Congrès. Néanmoins, la création d’une réserve de bitcoins ne semble pas figurer parmi les priorités immédiates des élus, davantage préoccupés par la réglementation des stablecoins ou les récentes tensions dans le secteur bancaire.
Vers une adoption par étapes
Face aux défis, c’est probablement une approche graduelle qui sera privilégiée. Dans un premier temps, conserver les bitcoins confisqués, comme promis par Donald Trump, constituerait déjà un changement significatif de politique. Le gouvernement pourrait s’appuyer sur son expérience passée dans la gestion de grandes quantités de bitcoins saisis pour développer son expertise.
À moyen terme, de nouveaux développements législatifs et une stratégie gouvernementale globale sur les actifs numériques pourraient ouvrir la voie à une véritable réserve stratégique, gérée activement à l’image des réserves d’or. Certains évoquent même la possibilité pour le Trésor d’acquérir des bitcoins en achetant des instruments de dette libellés en BTC, contournant ainsi le besoin d’approbation du Congrès.
Une chose est sûre : le chemin vers une réserve officielle de bitcoins aux États-Unis s’annonce encore long et complexe. Mais les premiers jalons posés par l’administration Trump pourraient marquer un tournant historique dans la reconnaissance du roi des cryptomonnaies par la première puissance mondiale.