Le Golan syrien, un plateau stratégique niché à la frontière d’Israël, du Liban et de la Jordanie, se retrouve à nouveau sous les projecteurs suite à la chute récente du président syrien Bachar al-Assad. Ce territoire, objet de convoitise au fil des siècles, a été conquis aux deux tiers par Israël lors de la guerre de 1967 puis annexé en 1981, une mesure non reconnue par la communauté internationale, hormis les États-Unis depuis 2019.
Un joyau stratégique et hydrique
Le Golan revêt une importance capitale pour Israël et la Syrie de par sa position géographique et ses ressources. Culminant à 2224 mètres d’altitude au mont Hermon, il offre une vue imprenable sur la Galilée et le lac de Tibériade au nord d’Israël, tout en contrôlant la route vers Damas. Mais au-delà de son intérêt militaire, le Golan est aussi un château d’eau abritant d’importantes sources qui alimentent le Jourdain, comme celles de Banyas ou les rivières Hasbani et Dan.
Conquête et annexion
Lors de la guerre des Six Jours en juin 1967, Israël a conquis environ 1200 km² du Golan après de violents combats contre l’armée syrienne. Une zone tampon démilitarisée sera ensuite établie en 1974 suite à la guerre du Kippour, sous le contrôle d’une force de l’ONU. Mais le 14 décembre 1981, Israël franchit un cap en annexant le Golan conquis, une décision condamnée par la communauté internationale.
« Le Golan est israélien et le restera pour l’éternité »
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, le 9 décembre 2024
Tensions et déplacements de population
L’annexion israélienne a entraîné la fuite ou l’expulsion de dizaines de milliers de Syriens. Aujourd’hui, le Golan annexé compte environ 30 000 citoyens israéliens répartis dans 34 localités, auxquels s’ajoutent 23 000 Druzes, une communauté religieuse se revendiquant majoritairement syrienne. Mais la situation pourrait à nouveau évoluer depuis la destitution du régime de Damas.
La chute d’Assad rebat les cartes
Le renversement de Bachar al-Assad a poussé Israël à renforcer sa présence militaire dans le Golan. Quelques heures seulement après la chute du raïs, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné à l’armée de prendre le contrôle de la zone tampon, une « violation » des accords de 1974 selon l’ONU. Il faut dire que la guerre civile syrienne a ravivé les tensions, le Hezbollah et l’Iran s’étant rapprochés du clan Assad. Depuis le début du conflit à Gaza en octobre 2023, le mouvement islamiste libanais a même tiré à plusieurs reprises en direction du territoire disputé.
Enjeux pour l’avenir
Si Israël semble bien déterminé à conserver le Golan, comme en témoigne le projet récent de doubler la population dans la partie annexée, l’avenir du plateau stratégique soulève encore de nombreuses questions. Le changement de régime à Damas ouvrira-t-il la voie à de nouvelles négociations ? La communauté internationale reconnaîtra-t-elle un jour la souveraineté israélienne ? Quelles répercussions pour l’équilibre géopolitique régional ? Autant d’interrogations qui placent ce petit territoire montagneux au cœur des enjeux du Moyen-Orient.