Au cœur des reliefs escarpés du Golan syrien, les villages druzes sont en proie à une vive inquiétude. Depuis plusieurs jours, l’armée israélienne a franchi la ligne de démarcation et avancé en territoire syrien, en violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu d’octobre 1973. Une situation explosive qui fait craindre le pire aux habitants de cette région déjà meurtrie par des décennies de conflit.
L’angoisse du village de Ma’arbah
Niché sur une ligne de crête à l’extrême sud-est de la Syrie, le petit village de Ma’arbah offre une vue imprenable sur la vallée de Yarmouk, frontière naturelle avec la Jordanie, et la rivière Ruqqad qui sert de ligne de démarcation avec le plateau du Golan occupé. C’est ici que vit Moheddine al-Hofari, un apiculteur de 57 ans. Du toit de sa maison, il a assisté avec effroi à l’avancée des troupes de Tsahal :
Quand j’ai vu des soldats syriens s’enfuir et se débarrasser de leurs armes, j’ai tout de suite su que Bachar el-Assad était tombé. Mais ma joie a été de courte durée. Le lendemain, des troupes israéliennes ont franchi la frontière et sont entrées chez nous. Elles ont pris le contrôle du poste militaire juste au bout du village.
Moheddine al-Hofari, habitant de Ma’arbah
Depuis, les incursions de l’armée israélienne se multiplient dans la zone, semant la panique parmi la population. Des drones de surveillance survolent régulièrement les maisons, ajoutant à l’atmosphère oppressante.
Une situation intenable pour les civils
Pris en étau entre les troupes de Damas et celles de Tel-Aviv, les druzes syriens redoutent de faire les frais de cette nouvelle escalade militaire. Beaucoup craignent des représailles du régime syrien, qui les soupçonne de connivence avec l’ennemi israélien. D’autres s’inquiètent des exactions que pourraient commettre les soldats de Tsahal, réputés pour leur intransigeance.
Face à cette situation intenable, certains envisagent déjà de fuir la région, au risque de tout perdre. Mais pour la plupart, partir n’est pas une option. Profondément attachés à leur terre et à leurs traditions, ils sont déterminés à rester, en dépit des dangers.
Un appel à la communauté internationale
Alors que la tension est à son comble sur le plateau du Golan, les habitants lancent un appel désespéré à la communauté internationale. Ils exhortent l’ONU et les grandes puissances à faire pression sur Israël pour qu’il respecte le droit international et se retire des territoires occupés.
Nous ne demandons que la paix et la sécurité. Nous voulons vivre dignement sur notre terre, sans craindre pour nos vies et celles de nos enfants. Il est temps que la communauté internationale prenne ses responsabilités et fasse cesser cette folie.
Un notable druze de la région
Mais dans cette poudrière du Moyen-Orient, où les intérêts géopolitiques priment souvent sur les droits humains, leur cri risque de rester lettre morte. En attendant, les druzes syriens continuent de vivre dans la peur, priant pour que la raison l’emporte et que le fragile équilibre de la région ne vole pas en éclats.
Une paix plus que jamais menacée
Car au-delà du sort des villages druzes, c’est la stabilité de tout le Moyen-Orient qui est en jeu. Déjà fragilisé par des années de guerre et de chaos, la région pourrait sombrer dans une spirale de violence incontrôlable si le conflit venait à s’enliser.
Seule une solution politique négociée, prenant en compte les aspirations légitimes de tous les peuples de la région, pourra ramener une paix durable. Mais avec la multiplication des actes de provocation et l’intransigeance des différents acteurs, cet espoir semble aujourd’hui plus lointain que jamais. Sur le plateau du Golan, les druzes syriens en ont douloureusement conscience. Et c’est le cœur lourd qu’ils contemplent l’horizon, guettant avec angoisse le prochain acte de cette tragédie qui les dépasse.