Et si une simple visite pouvait changer le cours de l’histoire en Afrique de l’Ouest ? Ce samedi, le président du Ghana s’est rendu à Bamako, la capitale malienne, pour rencontrer le chef de la junte au pouvoir. Objectif : convaincre ce dernier de renouer les liens avec une organisation régionale majeure, dont le Mali s’est éloigné depuis janvier. Une mission délicate, dans un contexte où la méfiance règne et où les enjeux géopolitiques pèsent lourd.
Une Rupture Historique en Afrique de l’Ouest
L’histoire récente du Mali et de ses voisins est marquée par des bouleversements majeurs. Entre 2020 et 2023, des coups d’État ont secoué la région, installant des juntes militaires au pouvoir dans trois pays sahéliens. Ces événements ont non seulement redessiné la carte politique, mais aussi fragilisé les relations avec une organisation clé dans la sous-région.
Pourquoi le Mali a-t-il quitté la Cedeao ?
Le divorce entre le Mali et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) trouve ses racines dans une série de tensions. Tout a basculé après un coup d’État au Niger en juillet 2023. Face à cette instabilité, la Cedeao a brandi la menace d’une intervention militaire et imposé des sanctions économiques sévères, avant de les lever par la suite. Une réponse jugée insuffisante par les autorités maliennes.
En janvier 2024, le Mali, rejoint par le Burkina Faso et le Niger, a décidé de tourner le dos à cette organisation. Les trois nations ont dénoncé un manque de soutien dans leur lutte contre les violences jihadistes qui ravagent le Sahel. Elles ont également accusé la Cedeao d’être trop influencée par des puissances extérieures, notamment une ancienne puissance coloniale avec laquelle les relations sont glaciales.
Le manque de confiance est au cœur des désaccords, mais il reste possible de trouver un compromis.
– D’après une source proche des discussions
L’Alliance des États du Sahel : une alternative audacieuse
Face à cette rupture, les trois pays n’ont pas choisi l’isolement. Ils ont formé une confédération appelée l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce bloc régional vise à renforcer leur coopération, notamment sur le plan sécuritaire, dans une zone où les attaques jihadistes font des ravages. Mais cette initiative soulève une question : peut-elle vraiment remplacer les avantages d’une intégration plus large au sein de la Cedeao ?
- Objectif principal : lutte contre l’insécurité au Sahel.
- Défis : ressources limitées et tensions diplomatiques.
- Atout : une solidarité renforcée entre les trois nations.
La mission du Ghana : un pont entre deux mondes
Le président ghanéen n’est pas arrivé les mains vides à Bamako. Lors de son entretien avec le chef de la junte malienne, il a proposé une médiation pour apaiser les tensions. Selon des observateurs, il a mis en avant des arguments concrets, comme l’accès aux infrastructures portuaires du Ghana, un atout précieux pour un pays enclavé comme le Mali.
Cette visite intervient après une rencontre avec son homologue ivoirien, où il avait déjà exprimé son ambition de jouer les intermédiaires. L’idée ? Convaincre les trois pays de l’AES de rester dans le giron ouest-africain tout en préparant une transition vers des gouvernements civils.
Un enjeu crucial : rétablir la confiance entre les parties.
Les défis d’une réconciliation
Rétablir des liens ne sera pas une mince affaire. La méfiance est profonde, alimentée par des années de désaccords. Les juntes militaires reprochent à la Cedeao son inaction face à la crise sécuritaire, tandis que l’organisation insiste sur l’importance d’un retour à l’ordre constitutionnel.
Point de tension | Position AES | Position Cedeao |
Sécurité | Manque de soutien | Focus sur la stabilité |
Sanctions | Trop sévères | Outil de pression |
Pourtant, certains signes laissent entrevoir une ouverture. Le président ghanéen a quitté Bamako avec un sentiment de satisfaction, soulignant la qualité des échanges. Mais le silence du chef de la junte malienne intrigue : est-ce un refus tacite ou une réflexion en cours ?
Et après ? Les scénarios possibles
La tentative de médiation du Ghana ouvre la porte à plusieurs hypothèses. Dans le meilleur des cas, un dialogue pourrait s’amorcer, avec des concessions de part et d’autre. Dans un scénario plus sombre, l’AES pourrait consolider son isolement, au risque de fragiliser davantage la région.
Une chose est sûre : l’avenir de l’Afrique de l’Ouest dépendra de la capacité des leaders à surmonter les rancunes pour bâtir une coopération durable. Le Ghana, avec son statut de pays stable, pourrait bien être la clé de cette équation complexe.
Et vous, pensez-vous que cette mission diplomatique portera ses fruits ? L’histoire nous le dira, mais une chose est certaine : les regards sont tournés vers Bamako.