Le Ghana est sur le point de franchir un cap décisif dans la répression des droits LGBT+ en Afrique. Malgré une vague de contestation internationale, la Cour suprême du pays vient de donner son feu vert à une loi anti-homosexualité particulièrement sévère. Un texte qui suscite l’inquiétude des défenseurs des droits humains et pourrait avoir de lourdes conséquences économiques pour le pays.
Un durcissement sans précédent de la législation anti-LGBT+
Le projet de loi « sur les droits sexuels et les valeurs familiales », adopté en février par le Parlement ghanéen, prévoit des peines allant jusqu’à trois ans de prison pour les relations homosexuelles et cinq ans pour la « promotion » des activités LGBT+. Bien que les actes homosexuels soient déjà illégaux au Ghana, ce texte marque un net durcissement de la répression envers la communauté LGBT+.
D’après une source proche du dossier, le président Nana Akufo-Addo, en fonction jusqu’en janvier prochain, ou son successeur John Mahama, devrait prochainement ratifier cette loi controversée. Un feu vert qui suscite l’indignation des ONG de défense des droits humains.
Un pays profondément conservateur et religieux
Malgré une relative stabilité démocratique, le Ghana reste un pays très conservateur où l’homosexualité est considérée comme un tabou. La religion, en particulier le christianisme, y joue un rôle prépondérant dans la société. Les personnes LGBT+ font régulièrement l’objet de discriminations et de stigmatisation.
Il n’y a pas d’acte que la Cour suprême puisse annuler en vertu de sa compétence. Ce texte peut devenir une loi conformément à la Constitution.
Avril Lovelace-Johnson, présidente de la Cour suprême du Ghana
Un texte qui inquiète la communauté internationale
L’adoption de cette loi anti-LGBT+ par le Ghana a suscité une vague de critiques de la part de la communauté internationale. L’ONU, par la voix de son Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a jugé le texte « profondément perturbant » et contraire aux engagements du pays en matière de droits humains. Plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis, ont également exprimé leur préoccupation.
Des répercussions économiques potentiellement lourdes
Au-delà des enjeux éthiques, cette loi anti-LGBT+ pourrait avoir de sérieuses conséquences financières pour le Ghana. Selon des sources gouvernementales, le pays risquerait de perdre près de 3,8 milliards de dollars de financement de la part de la Banque mondiale. Une menace qui plane alors que le Ghana traverse une grave crise économique et bénéficie d’un prêt crucial du FMI.
Le Ghana craint de subir le même sort que l’Ouganda, sanctionné par la Banque mondiale après l’adoption d’une loi similaire en 2023. Malgré ces risques, le président sortant et son successeur semblent déterminés à promulguer ce texte liberticide, au mépris des mises en garde internationales.
L’avenir sombre des droits LGBT+ en Afrique
Le cas du Ghana illustre la situation précaire des personnes LGBT+ dans de nombreux pays africains. Selon l’ILGA, les relations homosexuelles sont criminalisées dans une trentaine de pays du continent. Si elle est adoptée, la loi ghanéenne figurerait parmi les plus répressives.
Face à la pression internationale, certains dirigeants africains semblent cependant infléchir leur position. Le président kényan William Ruto a récemment déclaré que son pays n’avait « pas de place pour l’homosexualité », avant de se rétracter partiellement. Un changement de ton qui montre la complexité du combat pour les droits LGBT+ en Afrique.
Un débat brûlant qui divise la société ghanéenne
Au Ghana, l’adoption de la loi anti-LGBT+ suscite des réactions contrastées au sein de la population. Si une majorité semble soutenir ce durcissement, des voix s’élèvent pour dénoncer une atteinte aux libertés fondamentales. Des artistes et intellectuels ont publiquement pris position contre le texte, au risque de s’attirer les foudres des conservateurs.
La communauté LGBT+ ghanéenne, elle, vit dans la peur des représailles. Déjà marginalisées, de nombreuses personnes homo- ou transexuelles craignent une aggravation des violences et des discriminations à leur encontre. Certains envisagent de fuir le pays si la loi est promulguée.
Un test crucial pour les droits humains sur le continent
Le cas du Ghana constitue un test majeur pour les droits des personnes LGBT+ en Afrique. Si le pays va au bout de son projet répressif, il pourrait créer un précédent inquiétant et inciter d’autres États à durcir leur législation. À l’inverse, faire plier Accra sous la pression internationale enverrait un signal fort en faveur du respect des minorités sexuelles.
Les prochains mois seront décisifs. Les défenseurs des droits humains espèrent que le Ghana, conscient des risques diplomatiques et économiques, renoncera à cette loi liberticide. Mais dans un pays où l’homosexualité reste un tabou, le chemin vers la tolérance s’annonce encore long et semé d’embûches.