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Le génocide insidieux des Amérindiens aux États-Unis

Le génocide des peuples amérindiens "continue" aux États-Unis selon l'actrice Lily Gladstone. Derrière les meurtres et disparitions jamais élucidés de femmes autochtones se cache une épidémie de violence enracinée dans l'histoire. Gladstone témoigne à travers son film Fancy Dance...

Derrière chaque disparition ou meurtre non élucidé d’une femme amérindienne se cache l’ombre d’un génocide qui se poursuit insidieusement depuis des siècles aux États-Unis. C’est ce que dénonce avec force l’actrice Lily Gladstone, révélée dans le film Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese. Originaire de la réserve des Pieds-Noirs dans le Montana, elle porte aujourd’hui à l’écran l’histoire de ces femmes autochtones effacées dans Fancy Dance, un long-métrage poignant présenté au festival de Sundance.

L’indifférence face à une tragédie sans fin

Dans ce film écrit, réalisé et interprété quasi exclusivement par des femmes amérindiennes, Lily Gladstone incarne Jax, membre de la nation Seneca-Cayuga dont la sœur a mystérieusement disparu. Face à l’inertie de la police fédérale et au manque de moyens du bureau des affaires indiennes, elle se lance dans une quête désespérée pour la retrouver, avec l’aide de sa jeune nièce.

Un combat à l’image de celui mené par des milliers de familles autochtones à travers le pays. Car le nombre de disparitions et de meurtres de femmes amérindiennes atteint des proportions alarmantes, sans susciter l’indignation qu’il devrait. Selon des estimations officielles, des milliers d’affaires restent non résolues, les femmes de 1 à 44 ans étant particulièrement touchées.

Les États-Unis connaissent actuellement une épidémie de disparitions et d’assassinats de personnes autochtones. Un génocide toujours en cours dont on ne parle pas.

– Erica Tremblay, réalisatrice de Fancy Dance

Un génocide qui se poursuit dans l’indifférence

Pour Lily Gladstone, ces drames à répétition s’inscrivent dans la continuité directe du génocide des peuples amérindiens perpétré depuis l’arrivée des premiers colons européens sur le continent. Un processus d’extermination qui “continue” aujourd’hui sous d’autres formes, à travers la marginalisation, la négation des droits et l’exposition à une violence endémique.

L’actrice pointe notamment du doigt les failles juridictionnelles qui privent les nations autochtones des moyens légaux de protéger leurs citoyens :

La situation ne s’améliorera pas tant que ces lacunes ne seront pas comblées, que la souveraineté ne sera pas rétablie et que les autochtones ne seront pas en position de reprendre leurs terres.

– Lily Gladstone

Briser le silence à travers l’art

Face à ce drame méconnu, des voix s’élèvent pour briser l’omerta. À l’instar de Fancy Dance, plusieurs œuvres récentes signées par des artistes amérindiens s’emparent de cette tragédie pour lui donner une résonance nouvelle. Des créations qui se veulent autant des outils de sensibilisation que des appels à l’action.

Car pour endiguer ce fléau, il est urgent de s’attaquer aux racines du mal en réformant en profondeur un système qui perpétue les injustices. Cela passe par un renforcement des droits des peuples autochtones, une vraie reconnaissance de leur souveraineté et des moyens dédiés aux enquêtes sur ces affaires non résolues. Toute une société doit ouvrir les yeux sur ce génocide de l’ombre qui n’a que trop duré.

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