Un rapport parlementaire cinglant vient de jeter un pavé dans la mare du secteur financier britannique. Publié mardi, le document accable le gendarme des marchés financiers du pays, la Financial Conduct Authority (FCA). « Incompétent au mieux, malhonnête au pire », tels sont les termes choisis par les députés pour décrire le régulateur, sommé de se réformer de toute urgence.
Une série de scandales et de ratés
Le rapport intervient après une série de scandales retentissants qui ont ébranlé le secteur ces dernières années. Des affaires dans lesquelles la FCA a été accusée de passivité, de lenteur, voire d’inaction totale selon Bob Blackman, député conservateur et coprésident du groupe parlementaire à l’origine du texte.
Les exemples ne manquent pas. Le texte cite notamment :
- La faillite fracassante du fonds London Capital & Finance (LCF) en 2019, dans laquelle le régulateur a été montré du doigt pour ses carences en matière de supervision.
- Le scandale des placements financiers toxiques vendus à des milliers de personnes dans le cadre du régime de pension de l’industrie sidérurgique après 2015, leur faisant perdre des sommes considérables.
Un régulateur à la dérive
Au-delà des cas individuels, c’est toute l’organisation et le fonctionnement de la FCA qui sont remis en cause. Parmi les griefs énoncés par les 175 personnes auditionnées (anciens employés, lanceurs d’alerte, victimes…), on trouve :
- Le traitement « alarmant » du témoignage des lanceurs d’alerte
- Une organisation interne « défectueuse » sous la coupe d’une direction irresponsable
- Un manque criant de transparence et de prise de responsabilité
En somme, « il existe une quasi-unanimité sur le fait que la transformation revendiquée par la FCA a été inefficace » concluent sans appel les auteurs. Des accusations vigoureusement réfutées par le gendarme, qui assure avoir « tiré les leçons » de ses erreurs passées.
Un pilier de l’économie britannique
Les enjeux sont considérables. Avec 8,3% du PIB britannique, le secteur financier est non seulement un rouage essentiel de l’économie nationale mais aussi celui qui attire le plus d’investissements directs étrangers.
Un statut que la récente vague de scandales pourrait bien menacer. D’où l’ultimatum lancé à la FCA : se réformer en urgence et en profondeur, ou risquer purement et simplement d’être remplacée. L’avenir du Royaume-Uni comme place financière mondiale en dépend.
Reste à voir si le régulateur saura relever ce défi existentiel. Une chose est sûre : après un tel rapport, le statu quo n’est plus une option. L’heure des comptes a sonné pour le gendarme des marchés britanniques. Sa crédibilité et sa survie sont en jeu.