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Le Gendarme de l’Énergie Veut Mettre Fin aux Prix Négatifs de l’Électricité

Le développement des énergies renouvelables entraîne parfois des prix négatifs de l'électricité, une situation qui coûte cher à l'État. La CRE veut y mettre fin, mais la solution est complexe. Découvrez les enjeux de ce phénomène méconnu qui...

Imaginez un monde où l’on vous paierait pour consommer de l’électricité. Un scénario improbable ? Pas tant que ça. Le développement massif des énergies renouvelables, pourtant essentiel pour la transition énergétique, génère un phénomène étonnant : les prix négatifs de l’électricité. Une situation qui peut sembler avantageuse pour le consommateur, mais qui s’avère en réalité déstabilisante pour l’ensemble du système électrique, et particulièrement coûteuse pour les finances publiques. Face à ce défi, le régulateur du marché, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), se mobilise pour trouver des solutions. Plongée dans les arcanes d’un marché de l’électricité sous haute tension.

Quand trop d’électricité fait chuter les prix

Le marché de l’électricité obéit, comme tout marché, à la loi de l’offre et de la demande. Lorsque l’offre est nettement supérieure à la demande, les prix s’effondrent, jusqu’à devenir négatifs. Une situation qui survient de plus en plus fréquemment avec l’essor des énergies renouvelables, notamment l’éolien et le solaire. Leur production, intermittente et difficilement prévisible, peut provoquer des excédents massifs d’électricité lorsque les conditions météorologiques sont favorables.

Concrètement, cela signifie que les producteurs doivent payer pour injecter leur électricité sur le réseau, tandis que les consommateurs sont rémunérés pour la consommer. Un système qui peut paraître avantageux, mais qui entraîne en réalité de nombreux effets pervers.

Des coûts cachés pour l’État et le contribuable

Tout d’abord, les prix négatifs représentent un manque à gagner important pour les producteurs d’électricité conventionnels, comme les centrales nucléaires ou thermiques. Ces derniers se retrouvent contraints de vendre à perte, mettant en péril leur rentabilité et leur capacité d’investissement. Une situation particulièrement problématique pour EDF, le géant français de l’électricité, dont l’État est actionnaire majoritaire.

Mais ce n’est pas tout. Les prix négatifs ont également un impact direct sur les finances publiques. En effet, l’État s’est engagé à garantir un prix minimal aux producteurs d’énergies renouvelables, via des mécanismes de soutien comme le complément de rémunération. Lorsque les prix de marché passent en négatif, c’est donc le contribuable qui doit mettre la main à la poche pour compenser la différence. Un coût qui se chiffre en dizaines de millions d’euros chaque année.

Un système électrique fragilisé

Au-delà de l’aspect financier, les prix négatifs fragilisent l’ensemble du système électrique. Ils envoient un signal trompeur aux consommateurs, qui sont incités à consommer davantage lorsque l’électricité est abondante, alors même que le réseau est sous tension. Une situation qui augmente les risques de blackout et complique la gestion de l’équilibre offre-demande par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité.

Les prix négatifs découragent également les investissements dans de nouveaux moyens de production ou de stockage d’électricité, pourtant essentiels pour assurer la sécurité d’approvisionnement et la flexibilité du système. Quel intérêt d’investir dans une centrale à gaz ou une batterie géante si l’on risque de devoir payer pour produire ou stocker de l’électricité ?

La CRE à la recherche de solutions

Face à cette situation préoccupante, la Commission de Régulation de l’Énergie a décidé de prendre le taureau par les cornes. Dans une délibération publiée fin mai, le régulateur formule plusieurs propositions pour endiguer le phénomène des prix négatifs.

Parmi les pistes évoquées : moduler le soutien aux énergies renouvelables en fonction des prix de marché, afin d’éviter de rémunérer la production lorsque les prix sont négatifs ; obliger les producteurs renouvelables à vendre leur électricité directement sur le marché, plutôt que de bénéficier d’un tarif garanti ; ou encore faciliter l’effacement de la consommation lorsque les prix sont bas, afin d’absorber les excédents.

Des propositions techniquement complexes, qui soulèvent de nombreuses questions et suscitent déjà de vifs débats au sein de la filière. Certains acteurs craignent qu’une remise en cause des mécanismes de soutien ne freine le développement des renouvelables, pourtant crucial pour tenir les objectifs climatiques. D’autres pointent les difficultés à mettre en place un système efficace d’effacement diffus, sans parler des potentiels effets rebond sur la consommation.

Vers une refonte du marché ?

Plus largement, c’est la question de l’adaptation du marché de l’électricité à la transition énergétique qui est posée. Un marché conçu à l’origine pour optimiser un mix composé essentiellement de centrales pilotables, et qui peine aujourd’hui à intégrer la variabilité des renouvelables. Beaucoup appellent à une refonte en profondeur des règles du jeu, pour mieux valoriser la flexibilité et envoyerdes signaux long terme aux investisseurs.

Un chantier titanesque, qui devra nécessairement s’inscrire dans le cadre européen, le marché de l’électricité étant désormais largement intégré à l’échelle continentale. La France, qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE au premier semestre 2022, entend bien peser dans ce débat. Reste à trouver le point d’équilibre entre la nécessaire mutation du système électrique et la préservation de la compétitivité de notre économie.

À l’heure où le pouvoir d’achat est au cœur des préoccupations des Français, la question du prix de l’électricité est plus que jamais un sujet brûlant. La crise des prix négatifs nous rappelle à quel point la transition énergétique est un défi global, qui implique de repenser en profondeur notre modèle économique et social. Un défi que nous devrons collectivement relever, si nous voulons construire un système électrique soutenable et résilient pour les générations futures.

Au-delà de l’aspect financier, les prix négatifs fragilisent l’ensemble du système électrique. Ils envoient un signal trompeur aux consommateurs, qui sont incités à consommer davantage lorsque l’électricité est abondante, alors même que le réseau est sous tension. Une situation qui augmente les risques de blackout et complique la gestion de l’équilibre offre-demande par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité.

Les prix négatifs découragent également les investissements dans de nouveaux moyens de production ou de stockage d’électricité, pourtant essentiels pour assurer la sécurité d’approvisionnement et la flexibilité du système. Quel intérêt d’investir dans une centrale à gaz ou une batterie géante si l’on risque de devoir payer pour produire ou stocker de l’électricité ?

La CRE à la recherche de solutions

Face à cette situation préoccupante, la Commission de Régulation de l’Énergie a décidé de prendre le taureau par les cornes. Dans une délibération publiée fin mai, le régulateur formule plusieurs propositions pour endiguer le phénomène des prix négatifs.

Parmi les pistes évoquées : moduler le soutien aux énergies renouvelables en fonction des prix de marché, afin d’éviter de rémunérer la production lorsque les prix sont négatifs ; obliger les producteurs renouvelables à vendre leur électricité directement sur le marché, plutôt que de bénéficier d’un tarif garanti ; ou encore faciliter l’effacement de la consommation lorsque les prix sont bas, afin d’absorber les excédents.

Des propositions techniquement complexes, qui soulèvent de nombreuses questions et suscitent déjà de vifs débats au sein de la filière. Certains acteurs craignent qu’une remise en cause des mécanismes de soutien ne freine le développement des renouvelables, pourtant crucial pour tenir les objectifs climatiques. D’autres pointent les difficultés à mettre en place un système efficace d’effacement diffus, sans parler des potentiels effets rebond sur la consommation.

Vers une refonte du marché ?

Plus largement, c’est la question de l’adaptation du marché de l’électricité à la transition énergétique qui est posée. Un marché conçu à l’origine pour optimiser un mix composé essentiellement de centrales pilotables, et qui peine aujourd’hui à intégrer la variabilité des renouvelables. Beaucoup appellent à une refonte en profondeur des règles du jeu, pour mieux valoriser la flexibilité et envoyerdes signaux long terme aux investisseurs.

Un chantier titanesque, qui devra nécessairement s’inscrire dans le cadre européen, le marché de l’électricité étant désormais largement intégré à l’échelle continentale. La France, qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE au premier semestre 2022, entend bien peser dans ce débat. Reste à trouver le point d’équilibre entre la nécessaire mutation du système électrique et la préservation de la compétitivité de notre économie.

À l’heure où le pouvoir d’achat est au cœur des préoccupations des Français, la question du prix de l’électricité est plus que jamais un sujet brûlant. La crise des prix négatifs nous rappelle à quel point la transition énergétique est un défi global, qui implique de repenser en profondeur notre modèle économique et social. Un défi que nous devrons collectivement relever, si nous voulons construire un système électrique soutenable et résilient pour les générations futures.

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