Alors que les élections présidentielles battent leur plein aux États-Unis, le géant de la cryptomonnaie Coinbase surprend en annonçant un investissement supplémentaire de 25 millions de dollars dans le financement d’activités politiques. Une décision audacieuse qui témoigne de la volonté de la société d’accroître son influence sur l’échiquier politique américain.
Selon des sources proches du dossier, ces fonds seront alloués au super PAC Fairshake, l’un des plus importants comités d’action politique dédiés à la promotion des cryptomonnaies. L’objectif affiché est clair : soutenir des candidats perçus comme favorables à l’industrie des actifs numériques lors des élections de mi-mandat prévues en 2026.
Un pari sur l’avenir de la crypto en politique
Brian Armstrong, PDG de Coinbase, ne cache pas ses ambitions. “Le criptovotant est déjà une force avec laquelle il faut compter, mais il va continuer de grandir”, a-t-il déclaré dans un message publié sur le réseau social X (anciennement Twitter). Il se montre particulièrement optimiste quant à la composition du prochain Congrès, affirmant qu’il sera “le plus pro-crypto” à ce jour.
Ce nouvel investissement porte à près de 100 millions de dollars la contribution totale de Coinbase à Fairshake, faisant de l’entreprise la principale source de financement du super PAC. Un montant conséquent qui s’inscrit dans une tendance plus large : selon une étude récente, près de la moitié des dépenses électorales des entreprises pour le cycle 2024 proviennent du secteur des cryptomonnaies.
Une stratégie offensive face aux critiques
Si Coinbase met autant de moyens dans le lobbying politique, c’est aussi pour contrer les voix qui s’élèvent contre l’industrie de la crypto. Fairshake a ainsi dépensé des sommes importantes pour s’opposer à des candidats jugés hostiles aux actifs numériques, à l’image de Katie Porter qui a échoué à obtenir l’investiture démocrate pour un siège au Sénat californien.
Face aux critiques qui dénoncent l’influence grandissante des acteurs de la crypto en politique, Brian Armstrong se veut rassurant : “Nous n’allons pas lever le pied”. Une déclaration qui en dit long sur la détermination de Coinbase à peser dans les débats à venir sur la régulation du secteur.
Les enjeux de la régulation au cœur des préoccupations
Car c’est bien là que se situe le nœud du problème pour l’industrie des cryptomonnaies. Alors que les appels à un encadrement plus strict du secteur se multiplient, notamment en raison des scandales et faillites à répétition, les géants de la crypto craignent un durcissement de la législation qui viendrait freiner leur développement.
En investissant massivement dans le financement de campagnes électorales, Coinbase et ses pairs espèrent pouvoir influencer le processus législatif en leur faveur. L’objectif ? Obtenir un cadre réglementaire souple et favorable à l’innovation, permettant à l’écosystème des cryptomonnaies de poursuivre sa croissance.
Un pari risqué sur le long terme ?
Si la stratégie de Coinbase peut sembler payante à court terme, certains observateurs s’interrogent sur sa pertinence sur le long terme. En misant autant sur le lobbying politique, l’entreprise ne prend-elle pas le risque de se mettre à dos une partie de l’opinion publique et de la classe politique ?
C’est en tout cas ce que craignent certains analystes, qui pointent du doigt le caractère potentiellement contre-productif de cette approche. Plutôt que de chercher à tout prix à influencer le législateur, ne vaudrait-il pas mieux pour Coinbase et ses pairs de travailler main dans la main avec les régulateurs pour construire un cadre adapté et pérenne ?
Seul l’avenir nous dira si le pari de Coinbase est le bon. Une chose est sûre : les prochaines élections américaines seront scrutées de près par l’ensemble de l’industrie des cryptomonnaies, tant les enjeux sont importants pour le futur du secteur. Et avec des investissements de cette ampleur, nul doute que l’influence du “cryptolobby” sera un sujet central des débats à venir.