Le mastodonte américain de l’e-commerce Amazon se retrouve une nouvelle fois dans le viseur des autorités. Mardi, la Commission japonaise des pratiques commerciales équitables (JFTC) a mené une perquisition dans les locaux de la filiale nippone du groupe, soupçonné « d’abuser de sa position dominante » pour contraindre les vendeurs à baisser leurs prix. Une affaire qui pourrait faire trembler sur ses bases l’empire bâti par Jeff Bezos.
Une 3ème enquête sur les pratiques d’Amazon
Ce n’est pas la première fois qu’Amazon est épinglé par le gendarme japonais de la concurrence. La JFTC avait déjà ouvert deux enquêtes par le passé sur de potentielles pratiques anticoncurrentielles du géant de l’e-commerce. Mais cette fois, les autorités ont décidé de passer à la vitesse supérieure en lançant une perquisition dans les bureaux de la filiale locale, preuve que les soupçons se font de plus en plus lourds.
La « Buy Box » d’Amazon dans le viseur
Au cœur de l’enquête, un outil bien connu des vendeurs sur Amazon : la fameuse « Buy Box ». Cet emplacement ultra-convoité sur la page produit permet de mettre en avant certaines offres et de booster considérablement les ventes. Décrocher la « Buy Box », c’est « une question de vie ou de mort » pour beaucoup de marchands, comme le souligne une source proche du dossier.
On nous a dit que le fait de décrocher la Buy Box entraîne une énorme différence en termes de ventes.
Une source proche du dossier
Mais pour apparaître dans cette « Buy Box », Amazon aurait imposé des conditions draconiennes aux vendeurs, les poussant à baisser drastiquement leurs prix pour rester compétitifs face aux offres de la plateforme elle-même et des autres marchands. Un chantage économique qui pourrait relever de « l’abus de position dominante » et des « transactions assorties de conditions contraignantes », deux pratiques strictement interdites par la loi antimonopole japonaise.
Amazon accusé de forcer la main aux vendeurs
Outre la pression sur les prix, Amazon aurait aussi obligé les vendeurs à recourir à ses propres services logistiques internes pour l’emballage, le traitement des commandes et l’expédition des produits. Un package global imposé qui ne laisserait guère le choix aux marchands et porterait atteinte au libre jeu de la concurrence.
Si ces accusations se confirment, Amazon risque gros. Le mastodonte de l’e-commerce, déjà dans le collimateur des autorités américaines, pourrait être contraint de revoir en profondeur ses pratiques et son modèle économique, sous peine de lourdes sanctions. Une menace qui plane sur l’avenir du groupe, malgré ses résultats financiers toujours aussi flamboyants.
Vers un durcissement de la régulation des géants de la tech ?
Au-delà du cas Amazon, cette enquête illustre la volonté croissante des régulateurs de s’attaquer aux dérives des grandes plateformes numériques. Du Japon aux États-Unis en passant par l’Europe, les pouvoirs publics semblent décidés à mettre fin au Far West de l’économie digitale et à imposer des règles du jeu plus équitables.
La plainte déposée en septembre 2023 par l’autorité américaine de la concurrence (FTC) et 17 États contre Amazon, accusé de « maintenir illégalement son monopole » grâce à des « stratégies anticoncurrentielles et déloyales », témoigne de cette détermination. Face à ces offensives judiciaires, les GAFAM seront-ils contraints d’infléchir leurs pratiques controversées ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : l’ère de l’impunité pour les géants du numérique semble révolue.
L’affaire Amazon au Japon pourrait n’être que le premier acte d’une vaste remise en cause des modèles prédateurs des plateformes dominantes. Un séisme qui ébranlerait les fondations d’une économie digitale bâtie sur la toute-puissance des algorithmes et l’exploitation des données personnelles. Mais aussi, peut-être, l’opportunité de construire un écosystème plus sain, où l’innovation rime avec respect des règles et de la concurrence. Le combat ne fait que commencer.
