Alors que les tarifs réglementés du gaz s’apprêtent à bondir de 11,7% au 1er juillet, la question du prix de l’or bleu en France se fait pressante. Notre pays figure-t-il parmi les mauvais élèves en Europe en matière de tarification du gaz pour les particuliers ?
La France, 10ème pays le plus cher pour le gaz résidentiel
Selon les dernières données d’Eurostat, la France pointait au 10ème rang des pays de l’UE pour le prix du gaz résidentiel au second semestre 2023. Les ménages français déboursaient en moyenne 11,81€ pour 100 kWh de gaz, contre 11,25€ pour la moyenne européenne.
Si ce tarif reste inférieur à ceux pratiqués en Italie, au Portugal ou encore aux Pays-Bas, il dépasse en revanche ceux constatés chez nos voisins allemands, espagnols et belges. Quels facteurs expliquent ce positionnement peu flatteur ?
Un coût d’acheminement particulièrement élevé
La facture de gaz repose sur trois piliers : la part “fourniture”, comprenant l’approvisionnement et la commercialisation, la part “réseau”, couvrant la distribution et le transport, et les taxes. Or, c’est bien sur le volet “réseau” que la France se démarque, avec des coûts atteignant 2,64€/100kWh contre seulement 2€ en moyenne dans l’UE.
Ce qui place la France dans le top 10, c’est le prix de la transmission et de la distribution, plus élevé qu’ailleurs.
– Thierry Bros, spécialiste de l’énergie
La taille du pays et la densité de son réseau, coûteux à entretenir, expliqueraient en grande partie cet écart. Et avec la baisse de 20% de la consommation gazière depuis 2021, le coût unitaire supporté par les ménages augmente mécaniquement.
Des taxes supérieures à la moyenne européenne
Autre levier sur lequel les États peuvent agir : la fiscalité. Avec 2,75€ de taxes par 100kWh, la France applique des prélèvements supérieurs à la moyenne de l’UE (2,23€). Ceux-ci représentent 25% du tarif final contre 20% pour la moyenne européenne, un ratio toutefois bien en-deçà des 46% constatés au Danemark ou aux Pays-Bas.
Une hausse qui ne bouleverse pas le classement
Si l’augmentation prévue au 1er juillet alourdira la facture, elle ne devrait pas modifier radicalement la position de la France par rapport à ses voisins. Le pays restera dans le top 10 européen, sans pour autant détrôner la Suède ou les Pays-Bas en tête du classement.
Au final, le montant acquitté par les consommateurs dépendra surtout de l’évolution des cours mondiaux du gaz. S’ils ont fortement baissé depuis la crise de 2022, les prix demeurent volatils, soumis aux aléas géopolitiques et aux ruptures d’approvisionnement. Un contexte incertain, qui maintient une pression élevée sur les factures des ménages européens.