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Le Gabon Traque Les Fonctionnaires Fantômes Pour Assainir Ses Finances

Le Gabon traque les fonctionnaires fantômes pour assainir ses finances. Un recensement est en cours pour identifier ceux qui perçoivent un salaire sans travailler. Quelles seront les conséquences pour ces agents publics ? Le pays parviendra-t-il à redresser ses finances ?

Imaginez un instant : des milliers de fonctionnaires qui perçoivent chaque mois leur salaire sans mettre les pieds au bureau. C’est précisément la situation à laquelle le Gabon tente de remédier. Le gouvernement gabonais a lancé vendredi dernier une vaste campagne de recensement des agents publics, dans le but d’assainir les finances du pays et d’améliorer l’efficacité de la fonction publique.

13 000 “fonctionnaires fantômes” découverts lors d’un audit

Tout a commencé lorsqu’un audit réalisé récemment a mis en lumière l’existence de plus de 13 000 “fonctionnaires fantômes”. Ces agents publics, bien qu’en situation “d’abandon manifeste de leurs postes”, continuaient à percevoir indûment leur traitement chaque fin de mois. Un constat alarmant qui a poussé les autorités à agir.

Depuis, un nettoyage minutieux des fichiers a permis de ramener ce chiffre à 9 000 noms, en écartant les personnes décédées, retraitées ou radiées. Les agents publics restants ont été convoqués pour vérifier leur situation. Car selon les responsables du recensement, certains se retrouvent même à l’étranger, refaisant leur vie tout en restant fonctionnaires.

Suspension, blâme ou radiation définitive pour les absents

Les fonctionnaires qui ne se présenteront pas ou ne pourront justifier leurs absences s’exposent à de lourdes sanctions. Suspension, blâme, voire radiation définitive, le but est clair :

“Redresser les comportements, changer les mauvaises manières de faire et avoir une fonction publique efficace”

– Le lieutenant-colonel Ossiba, membre de la Task Force Territoire de la Solde

Des recensements déjà menés par le passé, sans résultats probants

De telles opérations de recensement avaient déjà été menées sous la présidence d’Ali Bongo, renversé en août 2023 par un coup d’État militaire. Mais selon un représentant du nouveau pouvoir, “avec le système de l’époque, les gens n’avaient pas le courage de prendre des décisions jusqu’au bout”.

Pour Sosthène Otogho, 42 ans, l’un des agents convoqués, il est “naturellement normal qu’on puisse nettoyer ce fichier” si le gouvernement a constaté la présence de personnes salariées à tort. Mais d’autres, comme le professeur de français Aimé Mapangou, 56 ans, protestent :

“Nous passons tout le temps à être recensés mais sans résultat. On n’identifie pas les vrais fantômes. Et on nous dit que c’est nous qui alourdissons la masse salariale.”

Une masse salariale de l’État en hausse malgré tout

Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le Gabon compte 109 267 fonctionnaires pour une population d’environ 2,4 millions d’habitants. Et malgré les efforts annoncés, la masse salariale de l’État ne cesse d’augmenter. Dans le nouveau budget adopté par le gouvernement de transition, elle est passée de 704 à plus de 771 milliards de francs CFA (1,08 à 1,18 milliard d’euros) entre 2023 et 2024.

Cette opération de grande envergure soulève donc de nombreuses questions. Le gouvernement parviendra-t-il cette fois à aller jusqu’au bout de sa démarche ? Quelles seront les conséquences réelles pour les fonctionnaires fantômes identifiés ? La masse salariale sera-t-elle significativement réduite ? Autant d’interrogations auxquelles seul l’avenir apportera une réponse.

Une chose est sûre : cette traque des fonctionnaires fantômes illustre parfaitement les défis auxquels le Gabon doit faire face pour assainir ses finances publiques et construire une administration plus efficace. Un enjeu majeur pour ce pays d’Afrique centrale qui cherche à se reconstruire après des années de gouvernance contestée.

Reste à voir si cette énième opération “mains propres” portera enfin ses fruits ou si, comme par le passé, elle ne restera qu’un vœu pieux. Les prochains mois seront décisifs pour le Gabon et sa fonction publique, scrutés de près par une population qui aspire à plus de transparence et d’efficacité de la part de ses dirigeants.

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