Le Gabon a connu un moment charnière ce week-end. La population était appelée aux urnes pour se prononcer sur une nouvelle constitution, un an après le coup d’État qui a renversé la dynastie Bongo. Les premiers résultats provisoires publiés par le ministère de l’Intérieur font état d’une large victoire du “oui”, avec 91,8% des suffrages. Mais ce plébiscite apparent cache une réalité plus nuancée.
Un Taux de Participation en Demi-Teinte
Malgré les annonces triomphales initiales évoquant une participation de 71%, le taux officiel s’établit finalement à 53,54%. Si ce chiffre peut paraître honorable, il est loin de traduire une adhésion massive de la population au projet constitutionnel et au régime actuel. Près d’un électeur sur deux ne s’est pas déplacé.
Les Zones d’Ombre du Scrutin
Selon le Réseau d’Observateurs Citoyens (ROC), certains bureaux de vote n’ont pas autorisé la présence d’observateurs indépendants lors du dépouillement, jetant un doute sur la transparence du processus. Autre point troublant: les bulletins ont été systématiquement incinérés après comptage, rendant tout recomptage impossible.
Les observateurs n’ont pas pu assister au processus de dépouillement dans certains bureaux.
– Le ROC
Un Texte Taillé pour la Junte?
Les opposants dénoncent une constitution sur-mesure pour le général Brice Oligui Nguema, le chef de la junte. Le texte instaure un régime présidentiel fort, sans Premier ministre. Il grave dans le marbre l’accession au pouvoir des militaires, en leur accordant une amnistie pour leur coup d’État. De quoi préparer le terrain pour une candidature du général à la présidentielle?
Les Défis de la Transition
Au-delà du référendum, les questions sur l’avenir politique du Gabon restent entières. La junte promet un retour des civils au pouvoir, avec une élection présidentielle prévue en août 2025. Mais d’ici là, le général Oligui entend bien incarner “l’essor vers la félicité” pour son pays. Un pari risqué dans un Gabon encore fragile.
- La nouvelle constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels
- Elle instaure le mariage comme l’union entre deux personnes de sexe opposé
- Le service militaire devient obligatoire pour les filles et les garçons
Ce référendum marque indéniablement un tournant pour le Gabon post-Bongo. Mais la route vers une démocratie apaisée s’annonce encore longue et semée d’embûches pour ce pays d’Afrique centrale, tiraillé entre aspirations au changement et pesanteurs du passé. Le peuple gabonais aura-t-il vraiment le dernier mot? Réponse dans les urnes, en 2025.
