Un contraste saisissant s’est installé de part et d’autre de l’Atlantique. Alors que l’économie américaine fait preuve d’un dynamisme et d’une résilience à toute épreuve, la zone euro semble empêtrée dans une apathie chronique. Comment expliquer un tel fossé entre ces deux géants économiques ?
Croissance américaine vs stagnation européenne
Selon les dernières prévisions du FMI, les États-Unis devraient enregistrer une croissance de 2,8% en 2024, contre seulement 0,8% pour la zone euro. Un écart qui devrait perdurer, avec 2,2% attendus en 2025 outre-Atlantique, soit presque le double des 1,2% projetés pour les pays partageant la monnaie unique.
Cette divergence s’explique en partie par les chocs successifs qui ont frappé le Vieux Continent. Après la pandémie de Covid-19, l’invasion russe en Ukraine a lourdement impacté l’Europe en provoquant une flambée des prix de l’énergie et des perturbations des chaînes d’approvisionnement. Des crises auxquelles les États-Unis, plus éloignés géographiquement et moins dépendants énergétiquement, ont mieux résisté.
L’Allemagne, moteur en panne
Première économie européenne, l’Allemagne a particulièrement souffert de ce contexte défavorable. Après une récession en 2023, Berlin devrait se contenter d’une croissance anémique de 0,8% l’an prochain selon le FMI, qui a dégradé ses prévisions. À l’instar de l’Italie, l’industrie allemande reste plombée par une “faiblesse persistante”.
Les atouts structurels américains
Au-delà des aléas conjoncturels, les États-Unis profitent de fondamentaux plus porteurs. Comme l’explique Gregory Daco, économiste en chef pour EY :
Au vu de la croissance de sa population, du taux d’investissement et de sa productivité, [l’économie américaine] présente des perspectives de croissance qui sont le double de celles de l’Europe.
La population américaine, plus jeune et dynamique, soutient davantage la consommation. De généreux plans de relance ont aussi stimulé la demande pendant la pandémie. Washington multiplie par ailleurs les programmes d’investissements publics massifs pour doper la compétitivité, à l’image du “Chips Act” sur les semi-conducteurs ou de l'”Inflation Reduction Act” sur la transition énergétique.
Le défi de la compétitivité européenne
Face à l’attractivité américaine, l’Europe cherche la parade. Le rapport Draghi sur la compétitivité, dévoilé en septembre dernier, tente de tracer une feuille de route ambitieuse pour enrayer le décrochage. Un texte qui appelle à lancer rapidement de grands projets structurels, comme l’a martelé Christine Lagarde, présidente de la BCE :
Il est essentiel de donner rapidement suite, par des politiques structurelles concrètes et ambitieuses, aux propositions de Mario Draghi visant à renforcer la compétitivité européenne.
La grande divergence économique entre Europe et États-Unis n’a pas fini de faire parler d’elle. Au-delà des aléas de court terme, elle révèle des faiblesses structurelles profondes du Vieux Continent. Des défis de taille que les dirigeants européens devront impérativement relever pour espérer renouer avec une croissance plus dynamique et durable dans les années à venir.