Le football féminin fait face à un nouveau défi de taille. Alors que les équipes féminines luttent déjà pour obtenir une reconnaissance égale à leurs homologues masculins, voilà qu’un club français vient de porter un coup dur à sa section féminine. En effet, l’US Orléans, dont l’équipe féminine évolue en D2, a annoncé une réduction drastique du budget alloué à cette dernière. Une décision choc qui soulève de nombreuses questions sur la place du foot féminin dans le paysage sportif actuel.
Un maintien sportif, mais pas financier
Pourtant, les joueuses de l’US Orléans avaient réussi l’exploit de se maintenir en D2 cette saison, et ce malgré le plus petit budget de la division. Un budget de seulement 500 000 euros par an pour toutes les catégories d’âge de la section féminine. Une somme dérisoire comparée aux moyens dont disposent les équipes masculines, même dans les divisions inférieures.
Mais cela n’a pas suffi à convaincre la direction du club de poursuivre ses efforts. Le président Cyril Courtin, en place depuis avril, a en effet décidé de sabrer dans les dépenses, invoquant un déficit annuel de 2 millions d’euros pour justifier cette décision. « L’urgence aujourd’hui est d’assurer la survie du club dans sa globalité », a-t-il déclaré sans ambages.
Le sentiment d’injustice des joueuses
Du côté des principales intéressées, c’est l’incompréhension et la colère qui dominent. Elles qui se sont battues toute la saison pour arracher leur maintien se sentent aujourd’hui trahies et déconsidérées. Le président Courtin dit comprendre leur « sentiment d’injustice », mais les propos qu’il aurait tenus lors d’une réunion avec l’équipe ont de quoi choquer :
Je ne suis pas le père Noël, vous nous coûtez cher et vous ne rapportez rien.
Cyril Courtin, selon des joueuses présentes
Des paroles déplacées et blessantes, symptomatiques du manque de considération dont souffre encore trop souvent le football féminin. Car au-delà de l’aspect financier, c’est bien la question de la légitimité et de la reconnaissance du foot féminin qui est posée.
Vers la fin du foot féminin à l’US Orléans ?
Cette décision pourrait bien sonner le glas du football féminin de haut niveau à l’US Orléans. Le club souhaite que son équipe féminine reparte en D3 la saison prochaine, mais les instances pourraient même imposer une relégation en R2, le 5e échelon national. Un tel déclassement entraînerait à coup sûr un exode des meilleures joueuses.
Christian Gauthier, ancien président de l’association du club qui a démissionné pour protester contre cette décision, ne mâche pas ses mots. Pour lui, le problème vient aussi du manque de soutien des collectivités locales, « pourtant sollicitées ». Un constat partagé par l’actuel président Cyril Courtin.
Le foot féminin, parent pauvre du sport
Ce triste épisode est révélateur des difficultés que rencontre encore le football féminin pour exister et se développer. Malgré des progrès indéniables ces dernières années, tant au niveau des performances que de la médiatisation, il reste considéré comme le parent pauvre du ballon rond. Les moyens financiers et humains qui lui sont consacrés sont sans commune mesure avec ceux dont bénéficie le football masculin.
Tant que cette situation perdurera, le foot féminin restera fragile et à la merci de décisions comme celle prise par l’US Orléans. Il est urgent que les instances dirigeantes, les clubs, les médias et le public prennent conscience de l’importance de soutenir et de valoriser le football féminin. Non pas dans une logique d’opposition ou de comparaison avec le foot masculin, mais dans une volonté de développer la pratique dans son ensemble, à tous les niveaux.
Car le football, qu’il soit joué par des hommes ou des femmes, reste avant tout un sport populaire et fédérateur, porteur de valeurs essentielles comme le dépassement de soi, la solidarité et le respect. Des valeurs que le foot féminin incarne avec talent et détermination, et qu’il mérite de pouvoir continuer à promouvoir sur les terrains. Espérons que le cas de l’US Orléans ne soit qu’un triste contre-exemple, et non le symbole d’un retour en arrière pour le football féminin.