Qui aurait cru qu’un petit pays du nord de l’Europe comme la Norvège possèderait le fonds souverain le plus puissant au monde ? C’est pourtant le cas depuis de nombreuses années, et ce mastodonte financier vient encore de franchir un cap symbolique. Selon des sources proches du fonds, sa valeur a dépassé pour la première fois les 20 000 milliards de couronnes norvégiennes, soit l’équivalent de 1 700 milliards d’euros. Une somme vertigineuse qui place la Norvège dans une situation économique des plus confortables.
Un fonds alimenté par l’or noir
Mais d’où vient cet incroyable magot ? La réponse tient en deux mots : pétrole et gaz. Depuis des décennies, la Norvège exploite d’importants gisements d’hydrocarbures situés dans ses eaux territoriales. Les revenus générés par cette manne sont en grande partie reversés dans le fonds souverain, officiellement baptisé « Government Pension Fund Global ». Créé en 1990, il n’a cessé de croître au fil des années, plaçant la Norvège dans une situation financière unique au monde.
Une fortune colossale
Pour donner un ordre de grandeur, les 1700 milliards d’euros gérés par le fonds représentent plus de 3,6 millions d’euros par habitant, nouveau-nés compris. De quoi voir venir sereinement pour les 5,4 millions de Norvégiens. Cet argent doit en effet servir à financer les dépenses de l’État, et notamment le généreux système de protection sociale, lorsque les réserves d’hydrocarbures s’épuiseront.
Dans les années à venir, nous devons nous préparer à ce que la valeur du fonds n’augmente pas au même rythme que celui enregistré jusqu’à présent, et à des périodes de baisse potentielle de la valeur du fonds
Le ministère des Finances norvégien
Un portefeuille d’investissements diversifié
Pour faire fructifier ce pactole, le fonds a misé sur une stratégie d’investissements diversifiée à l’international. Son portefeuille se compose majoritairement d’actions (plus de 70%), mais aussi d’obligations, d’actifs immobiliers et de projets d’énergies renouvelables. Avec des participations dans près de 9000 entreprises réparties dans 74 pays, le fonds pèse en moyenne 1,5% de chaque société cotée dans le monde, ce qui fait de lui le plus gros investisseur de la planète.
La France dans le viseur
L’Hexagone n’échappe pas à l’appétit du géant norvégien. Selon des données récentes, le fonds détiendrait des parts dans 133 entreprises françaises, dont la quasi-totalité des fleurons du CAC 40. Un ancrage qui s’inscrit dans la durée puisque le fonds se positionne comme un investisseur de long terme, soucieux de la bonne gouvernance des sociétés dans lesquelles il investit.
Préparer l’après-pétrole
Malgré ces chiffres impressionnants, les autorités norvégiennes gardent la tête froide. Elles savent que les revenus pétroliers ne couleront pas éternellement et que la transition énergétique mondiale risque de faire baisser la demande en hydrocarbures. C’est pourquoi le fonds cherche à verdir progressivement ses investissements, en misant notamment sur les énergies propres. Un virage nécessaire pour assurer la pérennité de ce trésor national unique au monde et préparer sereinement l’avenir du pays.