C’est un fléau qui gangrène peu à peu certains quartiers lyonnais. Les marchés clandestins tenus par des vendeurs à la sauvette se multiplient, au grand dam des riverains et des commerçants. Face à l’ampleur du phénomène, la mairie de Lyon vient de tirer la sonnette d’alarme auprès de la préfecture, réclamant des renforts policiers pour mettre fin à ces activités illégales.
Lyon submergée par les étals clandestins
Chaque jour, des centaines de vendeurs à la sauvette investissent les rues de Lyon, installant leurs marchandises de contrefaçon sur des étals de fortune. Un phénomène particulièrement visible dans le quartier des États-Unis, où se tient un marché réputé. Mais depuis plusieurs mois, les vendeurs illégaux ont pris leurs aises, s’appropriant l’espace public de façon totalement anarchique.
Les chiffres de la police municipale sont éloquents :
En seulement quatre mois, nos agents ont procédé à 6116 évictions de vendeurs à la sauvette.
Police Municipale de Lyon
Mais malgré cette mobilisation, le problème persiste et s’aggrave même, avec jusqu’à 500 vendeurs recensés les samedis. Une situation intenable pour les riverains et les commerçants, excédés par les nuisances et la concurrence déloyale.
La mairie réclame l’aide de la préfecture
Dans une lettre adressée au préfet du Rhône et rendue publique jeudi, le maire écologiste Grégory Doucet affirme avoir «mobilisé de façon conséquente la police municipale» et «investi» près de 300 000 euros pour réaménager l’espace public. Des efforts qui ont permis de contenir le phénomène jusqu’à 15h, mais qui s’avèrent insuffisants passée cette heure.
Pour faire face à cette situation, l’édile réclame la tenue d’une réunion en urgence avec «toutes les parties prenantes». Il se dit également «favorable à des opérations conjointes réunissant police municipale et nationale» afin de démanteler durablement ces marchés clandestins.
La préfecture renvoie la balle à la mairie
Mais du côté de la préfecture, on semble peu enclin à répondre favorablement aux demandes de la mairie. Dans un communiqué laconique, les services de l’État assurent que «les problématiques de vente à la sauvette relèvent des compétences du maire et de sa police municipale», estimant que la police nationale est déjà mobilisée sur «les questions de trafic et de contrefaçon».
Un ping-pong institutionnel qui agace la municipalité. Pour l’Hôtel de Ville, il s’agit clairement d’un enjeu d’ordre public qui nécessite une réponse coordonnée et musclée :
Des actions similaires ont eu lieu à la Guillotière, à Villeurbanne et Vénissieux, pourquoi pas là ? S’il s’agissait d’un marché de centre-ville, la question serait déjà réglée.
Un responsable de la mairie de Lyon
La sécurité, pomme de discorde entre ville et préfecture
Au-delà de la lutte contre les marchés sauvages, c’est la question plus large de la sécurité qui cristallise les tensions entre la mairie écologiste et la préfecture. Caméras de surveillance, effectifs de policiers municipaux, contrôle de la vidéo-verbalisation… Les sujets de frictions ne manquent pas entre les deux institutions, qui se répondent par médias interposés.
En rendant publique cette lettre, la mairie de Lyon espère mettre la pression sur la préfecture et afficher sa fermeté sur les questions régaliennes. Reste à savoir si cette énième passe d’armes permettra d’aboutir à une stratégie commune et efficace face au développement des marchés illégaux. Les habitants et commerçants du quartier des États-Unis, eux, attendent des actes concrets pour retrouver la quiétude de leur vie quotidienne.