Une nouvelle polémique agite le monde du football français suite au 32e de finale de la Coupe de France ayant opposé la JA Drancy, club de National 3, au FC Nantes, pensionnaire de Ligue 1. Au cœur des débats : le choix des Canaris de ne pas laisser l’intégralité de leur part de recette au club amateur, comme le veut la coutume dans cette compétition empreinte de valeurs de partage et de solidarité entre « petits » et « gros ».
Le FC Nantes pointé du doigt
Au lendemain de la qualification nantaise sur le score de 4 buts à 0, le président de la JA Drancy Alain Melaye n’a pas mâché ses mots pour fustiger l’attitude du club ligérien. Selon des propos rapportés par une source proche du dossier, le dirigeant a déploré devoir faire « un virement de 13 000 euros aux Nantais alors que le club a un budget de plusieurs dizaines de millions d’euros ». Une décision jugée regrettable de la part d’un « gros » envers un « petit » dans l’esprit de la Coupe de France.
Waldemar Kita se justifie
Face à la polémique naissante, le président du FC Nantes Waldemar Kita est monté au créneau pour se justifier. Dans des propos tenus à un média sportif, il a rappelé que « les clubs pros ne sont pas vaches à lait ». Le dirigeant a regretté « un manque de savoir vivre » de la part de Drancy lors de l’accueil des Nantais au stade Bauer de Saint-Ouen, théâtre de la rencontre. Des griefs qui justifieraient donc, selon lui, de ne pas laisser l’intégralité de la recette au club de Seine-Saint-Denis.
Le district de Seine-Saint-Denis monte au créneau
C’était sans compter sur la réaction du district de football de la Seine-Saint-Denis. Dans un communiqué publié sur son site internet, l’instance a fait part de son « étonnement » face aux propos de Waldemar Kita. Tout en reconnaissant au FC Nantes « la liberté » de ne pas participer au partage des recettes, le district a néanmoins jugé les accusations nantaises « injustes et diffamatoires à l’égard d’un club historique de notre département ».
Procès en savoir vivre du FC Nantes injuste et diffamatoire à l’égard d’un club historique de notre département.
District de football de Seine-Saint-Denis
Le district a profité de cette mise au point pour « saluer le parcours de la JA Drancy et du Football Club 93 […] qui ont accueilli des clubs de Ligue 1 dans notre Département et en ont fait des fêtes populaires et familiales ». Un satisfecit qui tranche avec les reproches formulés par le FC Nantes.
Football professionnel vs amateur : le choc des valeurs
Au-delà de la polémique, cet épisode met en lumière le fossé grandissant entre le football professionnel et le football amateur. D’un côté, des clubs aux budgets XXL dont les dirigeants se montrent de plus en plus exigeants. De l’autre, des clubs amateurs aux moyens limités qui voient dans la Coupe de France une bouffée d’oxygène financière mais aussi une vitrine pour leurs valeurs de partage et de convivialité.
Si le règlement n’oblige pas les clubs professionnels à laisser leur recette, beaucoup choississent de le faire dans l’esprit de la « vieille dame », née en 1917. Un choix de moins en moins évident à l’heure où l’argent-roi dicte sa loi dans le football business, y compris lorsqu’il s’agit d’affronter des « petits » en Coupe de France. La sortie de Waldemar Kita, habituellement peu avare de petites phrases, en est le triste symbole.
Une Coupe de France à deux vitesses ?
Certains y verront le signe d’une Coupe de France à deux vitesses où « gros » et « petits » ne boxent plus dans la même catégorie, sur et en dehors du terrain. Le refus du FC Nantes de partager sa recette avec Drancy en est l’illustration. Jusqu’à remettre en cause l’équité et la magie d’une compétition plus que centenaire ? L’avenir nous le dira même si le mal semble profond tant le football professionnel s’est éloigné de sa base.
En attendant, la JA Drancy et les autres « petits poucets » de Seine-Saint-Denis peuvent compter sur le soutien de leur district. Un district qui n’hésite pas à mouiller le maillot pour rappeler certains « gros » à leurs responsabilités. Pas sûr que cela suffise à colmater la brèche entre foot amateur et professionnel. La Coupe de France et ses valeurs de partage en sont une nouvelle fois les victimes collatérales.