Alors que la prochaine élection présidentielle américaine approche à grands pas, un nom revient avec insistance dans les discussions : celui de Michelle Obama. L’ancienne Première Dame, adulée par une grande partie de l’opinion, est présentée comme le recours idéal pour les démocrates en cas de désistement de Joe Biden. Une perspective alléchante, qui se heurte pourtant à un obstacle de taille : le refus constant de l’intéressée de se lancer en politique.
Le débat raté de Biden relance les spéculations
Tout est parti de la piètre performance de Joe Biden lors de son débat face à Donald Trump le 27 juin dernier. Empêtré dans ses explications, le président sortant a semblé dépassé, faisant craindre à son camp une défaite cinglante en novembre prochain. Dans la foulée, les appels à son retrait se sont multipliés chez les éditorialistes et commentateurs démocrates. Avec une interrogation lancinante : qui pour le remplacer ?
C’est là qu’entre en scène Michelle Obama. Selon les sondages, l’ex-First Lady serait la seule personnalité démocrate capable de l’emporter face à Trump. Un rapport de force favorable qui s’explique par son immense popularité, y compris au-delà des rangs de son parti.
Une popularité écrasante, une parole rare
Car Michelle Obama jouit d’une cote d’amour unique dans le paysage politique américain. Selon un récent sondage Ipsos, elle séduit 55% des Américains, dont 94% des sympathisants démocrates. Un plébiscite qui doit beaucoup à la sobriété de ses interventions publiques, toujours très attendues.
Si elle était réellement candidate, les intentions de vote baisseraient rapidement, car elle est haïe par le camp conservateur.
Nicole Bacharan, politologue
L’ancienne First Lady ne s’exprime en effet qu’en de rares occasions, le plus souvent pour dénoncer avec force les dérives de l’administration Trump. Une parole d’autant plus écoutée qu’elle ne semble servir aucune ambition personnelle, Michelle Obama ayant toujours clamé son désintérêt pour un destin national.
Un refus constant d’entrer en politique
Malgré les appels du pied répétés, la principale intéressée n’a en effet jamais dévié de sa ligne : hors de question pour elle de se présenter à la présidentielle. « Comme Michelle Obama l’a déclaré à plusieurs reprises au fil des ans, elle ne se présentera pas à l’élection présidentielle », a encore martelé son cabinet en mars dernier.
Un refus sans ambiguïté, motivé par un rejet profond du jeu politique. « La politique est difficile. Il faut le vouloir. Il faut que ce soit dans votre âme, parce que c’est si important. Ce n’est pas le cas pour moi », confiait-elle en avril 2023. Selon son entourage, elle devrait néanmoins s’impliquer dans la campagne de Joe Biden, comme en 2016 et 2020.
Un fantasme démocrate savamment entretenu par les républicains ?
Si Michelle Obama ne cesse de fermer la porte à toute ambition présidentielle, son nom continue pourtant d’alimenter les spéculations. Au point que certains y voient une stratégie délibérée du camp républicain pour affaiblir Joe Biden et Kamala Harris. En entretenant le fantasme d’une candidature providentielle, les partisans de Trump chercheraient à diviser les démocrates…
Une manœuvre qui traduit surtout l’immense popularité de l’ex-First Lady, perçue comme la meilleure chance de battre l’ancien président. Mais pour beaucoup d’observateurs, cette hypothèse tient plus du mirage que d’une réelle possibilité. « L’hypothèse d’une candidature de Michelle Obama, si Joe Biden venait à se retirer, ressemble plus à un “fantasme” du camp démocrate, dans un contexte de panique », résume la politologue Nicole Bacharan.
À quatre mois du scrutin, le spectre d’une défaite pousse en effet les démocrates à se raccrocher à l’espoir d’une figure providentielle. Un espoir incarné par Michelle Obama, qui reste pourtant inflexible dans son refus. Sauf coup de théâtre, Joe Biden devra donc affronter seul les défis d’une campagne qui s’annonce particulièrement ardue.