Au cœur de l’océan Indien, deux skippers chevronnés se livrent un duel palpitant en tête du Vendée Globe, la mythique course à la voile en solitaire et sans escale autour du monde. Yoann Richomme sur Paprec Arkéa et Charlie Dalin à bord de Macif Santé Prévoyance ne se lâchent pas d’une mille, offrant un spectacle saisissant aux passionnés de voile qui suivent avec assiduité cette dixième édition.
Un mano a mano à couper le souffle
Richomme et Dalin se tiennent dans un mouchoir de poche depuis plusieurs jours, alternant à la première place de cette course hors norme. Ce dimanche matin encore, seuls 5 petits milles nautiques séparaient les deux marins, Richomme conservant pour le moment un léger avantage. Une proximité étonnante à ce stade de la course et à ces latitudes.
C’est drôle et assez incroyable d’être bord à bord comme ça, au milieu de nulle part. On se retrouve comme à l’époque du Figaro même si on a déjà vécu ça en Imoca puisque l’année dernière on avait terminé premier et deuxième de la Fastnet Race avec cinq minutes d’écart
a déclaré Charlie Dalin, étonné et ravi de ce duel à distance
Un affrontement de haut vol qui pousse les deux skippers dans leurs derniers retranchements. Richomme et Dalin enchaînent les journées à plus de 20 nœuds de moyenne, atteignant régulièrement des pointes à 24 nœuds dans les bourrasques de l’Indien.
Cap sur la dépression
Mais la bagarre ne fait que commencer. Les deux hommes de tête foncent actuellement vers une dépression qui promet d’être intense. La gestion de ce système dépressionnaire sera déterminante pour la suite, comme l’explique Charlie Dalin :
Il reste la journée d’aujourd’hui (dimanche) pour réfléchir à la manière dont on va gérer cette dépression qui arrive
confie le skipper de Macif, concentré sur les heures à venir
La dépression attendue devrait permettre aux deux leaders de fondre vers l’Est et le fameux cap de Bonne-Espérance à la pointe Sud de l’Afrique. Un passage toujours délicat et éprouvant pour les marins et leurs machines.
La flotte s’étire, le podium se dessine
Derrière le duo de tête, la bataille fait rage également pour compléter le podium provisoire. Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), légèrement plus au Nord, pointe le bout de ses safrans à un peu plus de 30 milles de Richomme. Thomas Ruyant (LinkedOut) reste lui aussi en embuscade à une soixantaine de milles.
Le reste de la flotte souffre en revanche dans des conditions plus instables et perd du terrain. Seuls les 9 premiers ont réussi pour le moment à s’extraire des mers du sud pour pénétrer dans l’océan Indien. La dixième, Samantha Davies (Initiatives Cœur), navigue à plus de 1000 milles du leader.
Records en vue malgré les aléas
Malgré un départ assez lent depuis les Sables d’Olonne il y a un peu plus de 2 semaines, cette dixième édition du Vendée Globe s’annonce palpitante et indécise. Les foilers dernière génération permettent aux marins de maintenir des moyennes très élevées malgré des conditions musclées.
Si Richomme, Dalin et les autres leaders parviennent à gérer au mieux la dépression qui les attend, nul doute que les temps de passages des grands caps mythiques de cette course seront pulvérisés. Le record d’Armel Le Cléac’h en 2016 (74 jours) pourrait bien être battu.
Mais les aléas météo, les avaries et la fatigue guettent à chaque instant ces marins de l’extrême. La route est encore très longue jusqu’aux Sables d’Olonne. D’ici là, gageons que Richomme et Dalin vont continuer à nous en mettre plein la vue avec leur incroyable duel à distance. Suspense et frissons garantis !