Le droit du sol, ce principe juridique qui accorde la nationalité à toute personne née sur le territoire d’un État, est au cœur d’une vive polémique aux États-Unis. Fraîchement investi à la Maison-Blanche, le président Donald Trump a en effet signé un décret visant à y mettre fin, provoquant une levée de boucliers. Dans ce bras de fer qui s’annonce épique, un juge vient de marquer un point en suspendant temporairement la mesure. Retour sur un sujet brûlant d’actualité.
Trump part en croisade contre le droit du sol
Fidèle à ses promesses de campagne, Donald Trump n’a pas perdu de temps pour s’attaquer à l’immigration. Dès son premier jour à la présidence, il a signé une série de décrets, dont l’un vise à abroger purement et simplement le droit du sol. Inscrit dans le 14ème amendement de la Constitution, ce principe est pourtant un des fondements de l’identité américaine depuis 1868.
Selon le nouveau locataire de la Maison-Blanche, le droit du sol serait un facteur d’appel d’air pour l’immigration clandestine. Les femmes enceintes seraient en effet incitées à accoucher sur le sol américain dans le seul but d’obtenir la nationalité pour leur enfant. Une interprétation contestée par de nombreux experts.
Un juge s’oppose au décret présidentiel
La charge de Donald Trump contre le droit du sol n’est pas restée sans réponse. Saisi en urgence, le juge fédéral John Coughenour a en effet suspendu temporairement le controversé décret présidentiel. Selon ce magistrat en poste à Seattle, il s’agirait d’un ordre manifestement inconstitutionnel
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Reste à savoir si cette décision sera confirmée sur le fond. Chose certaine, la bataille juridique promet d’être longue et acharnée. Le président Trump devra convaincre la Cour suprême du bien-fondé d’un décret jugé liberticide par ses opposants.
Le droit du sol, un principe quasi-sacré aux États-Unis
Si le droit du sol est à ce point défendu, c’est qu’il fait partie de l’ADN des États-Unis. Pays d’immigration par excellence, la première puissance mondiale s’est largement construite grâce à ce principe démocratique. Laisser à chaque enfant né sur le territoire la possibilité de devenir citoyen, sans considération de ses origines.
Les États-Unis n’ont pas de race ou de tribu à proprement parler. L’Américain est l’Américain qui, laissant derrière lui tous ses anciens préjugés et manières, en reçoit de nouveaux de l’air nouveau qu’il respire.
Michel-Guillaume Jean de Crèvecoeur, « Lettres d’un cultivateur américain », 1782
Certains voyaient même dans le droit du sol la clef de l’intégration et du fameux « melting-pot » cher aux Américains. Autant d’arguments qui promettent un débat passionné dans les prochains mois.
Quelles autres mesures anti-immigration de Trump ?
Au-delà de la fin du droit du sol, le président nouvellement élu a annoncé tout un train de mesures pour durcir la politique migratoire américaine :
- Construction d’un mur à la frontière mexicaine
- Expulsions massives des clandestins
- Fin de certains visas de travail
- Restrictions à l’entrée de ressortissants de pays musulmans
Un programme qui promet de faire des vagues, aux États-Unis comme dans le reste du monde. Alors, fermeture ou ouverture ? Le débat ne fait que commencer.