Au cœur de la bande de Gaza, théâtre d’une guerre sans fin entre Israël et le Hamas, le Dr Hossam Abou Safiya est devenu malgré lui le visage d’un système de santé en lambeaux. Directeur de l’hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia, dans le nord du territoire palestinien, ce pédiatre de 51 ans s’est battu pendant des semaines pour maintenir son établissement opérationnel alors que les raids israéliens pleuvaient alentour.
Ses appels à l’aide désespérés, relayés sur les réseaux sociaux, n’ont pas suffi à épargner son hôpital. Vendredi dernier, l’armée israélienne a lancé une opération d’envergure contre le Kamal Adwan, qui servait selon elle de centre de commandement aux combattants du Hamas. Ce raid a mis hors service le dernier grand hôpital encore fonctionnel dans le nord de Gaza, où la situation sanitaire est déjà critique après plus d’un an de conflit.
Une arrestation qui soulève l’indignation
Lors de l’offensive, les soldats israéliens ont arrêté plus de 240 personnes, dont le Dr Abou Safiya. Soupçonné d’appartenir au Hamas, responsable d’une attaque dévastatrice contre Israël en octobre 2023 qui a déclenché cette nouvelle guerre, le médecin n’a plus donné signe de vie depuis. Ses proches le croient détenu à la prison de Sde Teiman, dans le désert du Neguev, réputée pour les mauvais traitements infligés aux prisonniers.
L’interpellation du Dr Abou Safiya a suscité une vague d’indignation. L’Organisation mondiale de la santé et Amnesty International ont appelé à sa libération immédiate, tout comme de nombreux soignants à travers le monde sur les réseaux sociaux. Présenté comme un « héros en blouse blanche », le pédiatre est admiré pour avoir continué à soigner malgré l’intensification des combats, qui lui ont même coûté la vie de l’un de ses fils en octobre.
Un système de santé exsangue
Au-delà du sort du Dr Abou Safiya, c’est tout le système de santé gazaoui qui est aujourd’hui à genoux. La fermeture de l’hôpital Kamal Adwan et l’arrestation de son personnel portent un nouveau coup à des services médicaux déjà exsangues. D’après des sources proches de la Défense civile à Gaza, la situation sanitaire est « catastrophique et tragique » dans l’enclave palestinienne.
Rien ne justifie ces arrestations, si ce n’est l’ambition de détruire le système de santé.
Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile gazaouie
Avant son interpellation, le Dr Abou Safiya n’a cessé d’alerter sur la situation désastreuse des hôpitaux de Gaza, où les médicaments et le matériel manquent cruellement. Lui-même a été blessé par des éclats en novembre, mais il a continué à se battre pour ses patients, « quel qu’en soit le prix ». Un combat qui force l’admiration, mais qui semble aujourd’hui bien fragile face à la violence du conflit qui ravage Gaza.
La communauté internationale appelée à agir
Face à ce drame, les appels à l’aide du Dr Abou Safiya résonnent comme un cri d’alarme. Les proches du médecin implorent la communauté internationale de faire pression sur Israël pour obtenir sa libération rapide. Plus largement, c’est un soutien urgent dont a besoin tout le système de santé gazaoui pour ne pas s’effondrer totalement.
Cette guerre, qui dure depuis plus d’un an maintenant, a déjà fait des milliers de victimes et réduit en cendres de larges pans de Gaza. Mais au-delà des destructions matérielles, c’est aussi tout un réseau médical et des soignants dévoués comme le Dr Abou Safiya qui sont aujourd’hui menacés. Une catastrophe humanitaire qui ne peut plus être ignorée.