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Le Doliprane bientôt sous contrôle américain malgré la polémique

Le projet de cession par Sanofi du contrôle de sa filiale produisant le Doliprane à un fonds américain divise. Malgré des garanties de l'État, de nombreuses voix s'élèvent contre ce rachat...

La décision du groupe pharmaceutique français Sanofi de céder une participation majoritaire de sa filiale Opella, qui produit le célèbre antidouleur Doliprane, au fonds d’investissement américain CD&R, suscite une vive polémique en France. Malgré l’annonce d’une participation minoritaire de l’État au capital, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce qui est perçu comme la perte de souveraineté sur un médicament emblématique.

Un rachat qui inquiète malgré les garanties

Bien que Sanofi et CD&R soient entrés en négociations exclusives sur la base d’une valorisation d’Opella à hauteur de 16 milliards d’euros, avec le maintien d’une participation de 48% pour Sanofi, l’arrivée de cet investisseur américain au capital inquiète. La participation symbolique de 1 à 2% de la banque publique Bpifrance, censée “assurer l’ancrage français d’actifs stratégiques” selon son directeur général Nicolas Dufourcq, ne suffit pas à rassurer.

Un accord tripartite entre l’État, Sanofi et CD&R prévoit certes des pénalités financières en cas de suppression d’emplois, d’arrêt de la production sur les sites français ou de rupture d’approvisionnement. Mais beaucoup craignent que cela ne suffise pas à préserver ce fleuron de l’industrie pharmaceutique française sur le long terme.

La crainte de délocalisations et de pénuries

Au-delà du symbole de voir ce médicament star passer sous pavillon américain, c’est la perspective de délocalisations de la production et de risques accrus de pénuries qui alarme. Malgré les engagements pris, rien ne garantit que CD&R, connu pour avoir repris et restructuré des enseignes comme But ou Conforama par le passé, ne cherchera pas à terme à réduire les coûts en délocalisant tout ou partie de la production.

C’est pas avec 1% de participation dans le capital que l’État aura quelque mot à dire sur les décisions stratégiques qui seront prises par le groupe.

Manuel Bompard, député LFI

Dans un contexte de pénuries récurrentes de médicaments, la perspective de voir l’approvisionnement en Doliprane fragilisé par ce rachat américain cristallise les inquiétudes. Certains, comme les députés LFI Manuel Bompard et Clémence Guetté, réclament purement et simplement le blocage de la vente, en utilisant un décret permettant de s’opposer au passage de secteurs stratégiques sous pavillon étranger.

L’enjeu clé du principe actif

Au cœur des débats se trouve la question du principe actif du Doliprane, le paracétamol. Aujourd’hui importé de Chine ou d’Inde, sa production en France permettrait de sécuriser l’approvisionnement. C’est sur ce point que certains, comme le député Frédéric Valletoux, appellent à concentrer les efforts, plutôt que sur le blocage de la vente d’Opella.

Au final, ce dossier illustre la difficulté croissante à concilier mondialisation économique et souveraineté sanitaire. Le rachat annoncé d’un des médicaments les plus vendus en France par un fonds américain agit comme un révélateur des fragilités de notre système de santé et des défis à relever pour garantir à terme notre indépendance sur les produits de santé les plus essentiels.

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