Actualités

Le Destin Tragique de Robert Brasillach, Condamné à Mort en 1945

19 janvier 1945. Après un procès expéditif, l'écrivain Robert Brasillach est condamné à mort pour intelligence avec l'ennemi. Malgré une pétition signée par de grands noms, il sera fusillé moins d'un mois plus tard. Retour sur ce procès emblématique de l'épuration qui continue de faire débat.

Le 19 janvier 1945, après une unique et brève audience, l’écrivain Robert Brasillach était condamné à mort pour intelligence avec l’ennemi. Accusé d’avoir collaboré avec les nazis pendant l’Occupation à travers ses écrits dans l’hebdomadaire « Je suis partout », il fut fusillé moins d’un mois plus tard malgré une pétition signée par de grands noms de la littérature comme François Mauriac et Albert Camus. Son procès expéditif reste l’un des symboles les plus marquants de l’épuration d’après-guerre.

Un procès bâclé, une défense muselée

Lors de son unique comparution le 19 janvier 1945, Robert Brasillach, amaigri et le regard anxieux derrière ses grosses lunettes, ressemblait plus à un collégien apeuré qu’à l’intellectuel pétillant habitué des cercles littéraires parisiens. Son avocat, Me Isorni, tenta courageusement de plaider la clémence, arguant que les mots ne pouvaient être passibles de mort, rappelant le talent d’un homme encore jeune dont le père était tombé au champ d’honneur en 1915. Mais les jurés restaient de marbre, comme déterminés d’avance à obtenir la tête de celui que beaucoup considéraient comme le symbole honni de la collaboration intellectuelle avec l’occupant nazi.

L’abandon de toute forme de procédure équitable et le refus d’examiner les circonstances atténuantes firent du procès Brasillach une parodie de justice, un règlement de comptes impitoyable orchestré par ceux qui avaient choisi le bon camp au bon moment.

D’après une source proche du dossier

Une responsabilité morale plus que des actes

Contrairement à d’autres collaborateurs activement impliqués dans la traque des résistants et des Juifs, Robert Brasillach n’avait pas de sang sur les mains. Sa responsabilité était avant tout morale, celle d’avoir mis son talent d’écrivain au service d’une idéologie nauséabonde. Fasciné par le nazisme, il n’avait eu de cesse d’exalter les totalitarismes bruns dans les colonnes de « Je suis partout », un journal ouvertement antisémite.

Mais là où d’autres avaient joint le geste à la parole en dénonçant et en assassinant, lui s’était contenté de manier la plume comme une arme. Confrères journalistes, hommes de lettres, Brasillach comptait de nombreux soutiens qui s’indignaient qu’on pût condamner un homme à mort pour des mots. Une pétition fut adressée au Général de Gaulle, signée entre autres par Paul Valéry, Jean Cocteau et le philosophe Gabriel Marcel. Mais le chef du Gouvernement provisoire refusa la grâce. Brasillach fut fusillé le 6 février 1945 au fort de Montrouge.

Le débat sur la responsabilité des intellectuels

Le cas de Robert Brasillach soulève la question épineuse de la responsabilité des écrivains et des penseurs dont les mots peuvent influencer les esprits et les pousser à la haine. Jusqu’où sont-ils comptables de l’impact de leurs écrits ? Un intellectuel qui, par ses textes, encourage au crime sans jamais le commettre lui-même, est-il moins coupable que celui qui tient l’arme ?

Les idées ne sont pas des jouets.

Edouard Helsey, journaliste du Figaro en 1945

Pour Robert Brasillach, la réponse du tribunal fut sans appel. Il paya de sa vie son aveuglement idéologique et son soutien obstiné à l’occupant nazi. Son procès à charge et sa condamnation expéditive illustrent à quel point l’épuration de l’après-guerre fut une justice d’exception portée par la soif de vengeance d’un pays meurtri. Quitte à bafouer les droits de la défense et le principe de proportionnalité des délits et des peines. Le destin de Brasillach devenait un avertissement : les mots peuvent tuer, les intellectuels doivent assumer la portée de leurs écrits. Un débat qui n’a pas fini de faire couler de l’encre.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.