Dans les étendues arides et inhospitalières du désert algérien, un drame humain vient de se jouer. Les corps sans vie de 14 migrants, dont 12 Syriens et 2 Algériens, ont été découverts près de la frontière libyenne. Un énième épisode tragique sur la longue et périlleuse route migratoire africaine vers l’Europe.
Le désert, piège mortel des migrants
D’après le récit d’un citoyen syrien en contact avec l’ambassade, les migrants avaient quitté la Libye mardi à bord d’un véhicule, avec l’espoir de rejoindre l’Algérie. Mais leur périple a tourné au cauchemar quand ils se sont égarés dans l’immensité du désert. C’est samedi que leurs corps ont été retrouvés, à environ 70km de la commune de Bordj Omar Driss dans la province d’Illizi.
Parmi les victimes figurent une personne de 10 ans et une autre de 16 ans, selon l’Association algérienne de Recherche et Sauvetage. Cinq autres personnes sont portées disparues. Un bilan qui illustre l’extrême vulnérabilité des migrants, livrés à eux-mêmes face aux conditions impitoyables du désert.
La Libye, point de départ risqué
La Libye est avec la Tunisie l’un des principaux points de transit des migrants subsahariens cherchant à gagner l’Europe. Mais les traversées de la Méditerranée sont notoirement dangereuses, et beaucoup tentent donc la route terrestre vers l’Algérie. Un choix qui les expose aux dangers du désert et aux réseaux de passeurs sans scrupules.
Selon certaines sources, les autorités libyennes auraient récemment durci leur politique envers les migrants irréguliers, procédant à des expulsions massives y compris de Syriens. Une décision qui pousserait les candidats à l’exil à prendre toujours plus de risques pour fuir le pays.
D’autres Syriens vont quitter la Libye de la même manière vers l’Algérie et je crains que nous devions nous préparer à d’autres tragédies
Bassem Farroukh, ressortissant syrien
La Syrie, 1ère crise migratoire mondiale
La présence de nombreux Syriens parmi les victimes rappelle l’ampleur de la crise migratoire syrienne, la plus importante au monde selon le HCR. Après plus de 10 ans de guerre, le pays compte toujours 13,8 millions de déplacés internes et externes. Beaucoup tentent de rejoindre l’Europe au péril de leur vie, fuyant un pays dévasté et sans perspectives.
Face à ce drame, les regards se tournent vers les autorités algériennes et libyennes. Certains dénoncent le manque de secours et de protection pour les migrants en détresse dans ces zones reculées. D’autres pointent les politiques migratoires restrictives qui favorisent ces traversées à haut risque.
Une chose est sûre : tant que les conflits et la misère pousseront des hommes, des femmes et des enfants sur les routes, le désert continuera hélas d’être le tombeau des rêves brisés de l’exil. Un immense défi humanitaire pour les pays de transit et d’accueil.
