C’est une page qui se tourne dans l’histoire du sumo japonais. Terunofuji, 33 ans, le dernier « yokozuna » (grand champion) en activité, a annoncé ce vendredi qu’il mettait un terme à sa brillante carrière. Une décision soudaine qui intervient après son retrait du tournoi du nouvel an et qui plonge ce sport ancestral dans l’incertitude. Le Japon se retrouve ainsi sans yokozuna pour la première fois depuis 1993, il y a plus de 30 ans.
Un destin hors norme stoppé net par les blessures
Le parcours de Terunofuji, né Gantulga Ganerdene en Mongolie, est un véritable roman. Arrivé au Japon à l’âge de 18 ans, il gravit rapidement les échelons pour décrocher le titre suprême de yokozuna en 2021, après une carrière jalonnée de 10 victoires en tournois. Mais derrière les lauriers, les blessures à répétition et des problèmes de santé chroniques comme le diabète ont eu raison de sa formidable endurance.
Il ne faut pas entrer sur le ring si le corps et l’esprit ne sont pas en pleine forme. J’ai l’impression que mon corps n’est pas à la hauteur et j’ai donc décidé de prendre ma retraite.
Terunofuji, lors de l’annonce de sa retraite
Une reconversion toute tracée comme mentor
Naturalisé japonais en 2021, le colossal sumotori (1m92 pour près de 180kg) ne compte pas pour autant abandonner les dohyos, ces rings sacrés sur lesquels s’affrontent les lutteurs. Il envisage désormais de transmettre son savoir et son expérience aux jeunes générations :
Je veux former des lutteurs qui ne mentent pas, qui ne cèdent pas.
Terunofuji, évoquant son avenir
Un sport traditionnel en quête de renouveau
Le départ brutal de cette icône survient à un moment charnière pour le sumo professionnel japonais. Confronté à un déficit de vocations et à une concurrence accrue d’autres sports, il peine à susciter des passions chez les jeunes. L’absence de yokozuna japonais est symptomatique de ce déclin, alors même que les lutteurs étrangers, notamment européens, trouvent de plus en plus leur place au sein de cette institution ultracodifiée.
Terunofuji laisse ainsi le monde du sumo face à un avenir incertain. Son parcours extraordinaire, des confins de la steppe mongole à la gloire des tournois tokyoïtes, restera comme l’un des plus inspirants de l’ère moderne. Mais il rappelle aussi la fragilité des destins hors normes et les défis qui attendent ce sport multimillénaire pour ne pas sombrer dans la nostalgie.
Le soleil se couche sur le règne de Terunofuji mais nul doute que son empreinte perdurera. Reste à savoir qui saura reprendre le flambeau avec la même ardeur pour perpétuer la légende du sumo japonais. Les dohyos n’ont pas fini de résonner des chocs titan entre ces hommes hors du commun, héritiers d’une tradition qui continue d’enflammer les passions.