C’est avec un sentiment d’inachevé qu’Antony Blinken, le secrétaire d’État américain le plus européen, s’apprête à effectuer ce qui est sans doute sa toute dernière réunion au sein de l’OTAN. Malgré le renforcement de l’Alliance atlantique depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, ce déplacement à Bruxelles se déroule dans l’ombre du prochain retour de Donald Trump, dont la politique étrangère s’annonce aux antipodes de celle de l’administration Biden.
Un Diplomate Dévoué Jusqu’au Bout
Pour ce diplomate en corps et en âme de 62 ans, francophile, qui aura parcouru inlassablement le monde ces quatre dernières années, se rendant y compris plusieurs fois à Kiev, la rencontre avec ses homologues de l’Alliance atlantique prenait un relief très particulier. Selon une source proche du dossier, le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a salué le « leadership » de Blinken, « dont on a toujours besoin ». Ce à quoi Blinken aurait répondu : « Que vous le vouliez ou non, vous m’avez et vous nous avez jusqu’au 20 janvier, chaque minute, chaque jour ».
Washington Accélère l’Aide Militaire à l’Ukraine
Blinken a rappelé l’importance du sacro-saint article 5 du Traité de l’Atlantique nord qui prévoit qu’une attaque contre l’un des membres de l’Otan est une attaque contre tous. Washington a annoncé une aide militaire supplémentaire pour l’Ukraine, évaluée à 725 millions de dollars et comprenant notamment des missiles et des mines antipersonnel. Depuis l’élection de Donald Trump, l’administration Biden s’évertue à accélérer le tempo pour s’assurer que Kiev soit en position de force le jour où il faudra entrer en négociation avec la Russie.
Blinken, un Fervent Défenseur de l’Ukraine
Lors des multiples délibérations au sein de l’administration Biden, Blinken s’est montré parmi les plus à l’avant sur ce dossier des missiles, tout comme il l’avait été sur la livraison de chars à l’Ukraine ou des avions F-16, face aux réticences notamment du Pentagone. Mais le fait est que l’administration Biden a désormais les mains liées avec l’installation prochaine de la nouvelle présidence Trump et qu’elle n’a plus vraiment de cartes à jouer, à défaut par exemple de vouloir soutenir l’envoi d’une invitation à l’Ukraine à rejoindre l’Otan.
L’Incertitude Trump Plane sur l’Ukraine
Donald Trump a promis de faire la paix en Ukraine « en 24 heures », mais sans dire vraiment comment il comptait s’y prendre. Il est déjà cependant à la manoeuvre et a nommé le général Keith Kellogg – qui a appelé Kiev à plusieurs concessions – comme émissaire pour mettre fin à la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Ce général peu connu du grand public avait brièvement présidé le Conseil de sécurité nationale, le cabinet de politique étrangère de la Maison Blanche, lors du premier mandat de Donald Trump.
Un Avenir Incertain pour la Diplomatie Américaine
Antony Blinken, transatlantique convaincu, est un fidèle parmi les fidèles de Joe Biden et aura passé la plus grande partie de sa carrière dans la diplomatie, avant d’en atteindre la plus haute marche. Son successeur désigné, le sénateur républicain Marco Rubio, qui est d’origine cubaine, a un tout autre tropisme. Même s’il connaît bien les arcanes européennes, ayant participé à de multiples reprises à la Conférence sur la sécurité de Munich, qui réunit chaque année le gotha diplomatique et militaire.
Vous avez été un allié fidèle et les gens vous apprécient beaucoup.
Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN, à Antony Blinken
Alors que Blinken s’apprête à quitter la scène diplomatique, l’avenir de l’Ukraine et de la politique étrangère américaine reste plus que jamais incertain. Les prochains mois seront décisifs pour voir comment le président Trump entend gérer ce dossier brûlant et quel rôle les États-Unis entendent jouer sur l’échiquier international. Une chose est sûre : le départ d’Antony Blinken laissera un grand vide, tant son engagement et sa détermination auront marqué ces dernières années.
