Il flottait comme un parfum de Belle Époque en cette nuit de décembre 1969 à Paris. Tandis que le monde vivait à l’heure futuriste, célébrant les premiers pas de l’Homme sur la Lune et la révolution des matières synthétiques, le Tout-Paris, lui, remontait le temps. Ce soir-là, dans la splendeur de l’Hôtel Lambert sur l’île Saint-Louis, le Baron Alexis de Redé donnait son dernier grand bal costumé sur le thème de l’Orient.
Un hôte flamboyant, une demeure d’exception
Figure haute en couleur de l’aristocratie, le Baron de Redé avait le goût de la fête. Pour son ultime réception, rien n’était trop beau. Des mois durant, il prépara l’événement dans les moindres détails, des invitations richement ornées au choix de la date, le 5 décembre. Son cadre ? L’Hôtel Lambert, joyau du XVIIe siècle considéré comme l’une des plus belles demeures privées de la capitale.
1001 nuits parisiennes
Lorsque les invités franchirent le seuil ce soir-là, ils pénétrèrent dans un univers de contes orientaux. Le maître des lieux lui-même arborait un costume de chasseur kirghize flamboyant. Parmi les convives, se distinguaient en princes moghols Pierre Bergé et le couturier Yves Saint Laurent, tandis que Brigitte Bardot avait revêtu un costume de danseuse du ventre. Mais la reine de la soirée fut sans conteste la Baronne Napoléon Gourgaud, déguisée… en pagode !
Elle arriva déguisée en pagode. On dut la transporter à l’arrière d’un camion.
– Un invité
D’autres apparitions marquèrent les esprits : Salvador Dalí en Pol Pot, une « maharadjah » coiffée d’un diadème de 300 000 francs, ou encore un jeune homme accompagné d’une panthère noire. Jusqu’au bout de la nuit, la fête battit son plein au rythme de l’orchestre et des tables de jeux installées pour l’occasion.
Un air de nostalgie
Si le bal de 1969 incarne l’apogée des réceptions fastueuses données par le Baron de Redé, il sonne aussi comme le chant du cygne d’une époque révolue. Bientôt, les ravages du temps et les changements de propriétaires auront raison de l’Hôtel Lambert, tandis que disparaîtront les derniers témoins de cet âge d’or.
Plus d’un demi-siècle après, l’extravagante soirée n’en finit pourtant pas de fasciner. Par son faste et sa fantaisie, elle reste à jamais gravée au panthéon des grandes fêtes parisiennes, rappelant la magnificence des bals d’antan. Un condensé de l’esprit des années 60, libre, créatif et assoiffé de beauté, dont la mode et les arts portent aujourd’hui encore l’héritage.
Si le bal de 1969 incarne l’apogée des réceptions fastueuses données par le Baron de Redé, il sonne aussi comme le chant du cygne d’une époque révolue. Bientôt, les ravages du temps et les changements de propriétaires auront raison de l’Hôtel Lambert, tandis que disparaîtront les derniers témoins de cet âge d’or.
Plus d’un demi-siècle après, l’extravagante soirée n’en finit pourtant pas de fasciner. Par son faste et sa fantaisie, elle reste à jamais gravée au panthéon des grandes fêtes parisiennes, rappelant la magnificence des bals d’antan. Un condensé de l’esprit des années 60, libre, créatif et assoiffé de beauté, dont la mode et les arts portent aujourd’hui encore l’héritage.