C’est une véritable bombe politique qui vient d’exploser outre-Atlantique. Celui que beaucoup voyaient déjà rempiler pour un second mandat a finalement décidé de jeter l’éponge. Joe Biden renonce à se présenter à la présidentielle américaine de 2024. Une annonce choc, à plus d’un an du scrutin, qui rebat totalement les cartes dans le camp démocrate.
Dans une allocution solennelle prononcée mercredi, le locataire de la Maison Blanche a justifié son choix surprenant par un impératif supérieur : l’unité de son parti. « Ces dernières semaines, il m’est apparu clairement que je devais unir mon parti dans cette entreprise cruciale », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il était temps « d’avoir de nouvelles voix, des voix plus jeunes ».
Un retrait qui soulève de nombreuses questions
Si les raisons invoquées par Joe Biden sont louables, ce renoncement brutal pose néanmoins question. À 80 ans, l’actuel président a certes battu des records de longévité, mais il semblait jusqu’ici déterminé à en découdre une nouvelle fois avec son ennemi juré Donald Trump, déjà lancé dans la course côté républicain.
Son bilan, bien que contesté, n’est pas non plus si cataclysmique, entre réformes sociales d’ampleur et relance post-Covid. Et les sondages le donnaient au coude-à-coude avec Trump. Alors pourquoi ce retrait soudain, qui laisse les démocrates orphelins d’un champion naturel ?
La crainte d’une primaire démocrate fratricide
En réalité, Joe Biden redoute sans doute qu’une nouvelle candidature de sa part n’ouvre la voie à une primaire démocrate particulièrement disputée et potentiellement déchirante. Plusieurs prétendants, issus notamment de l’aile gauche du parti, n’attendaient que son feu vert pour se lancer dans l’arène.
Plutôt que d’affronter une compétition interne risquée, le président préfère donc passer la main dans l’espoir de préserver l’unité des troupes. Une décision qui n’est pas sans rappeler celle de François Hollande en 2017.
Kamala Harris en position de force
Le retrait de Joe Biden offre quoi qu’il en soit un boulevard à sa vice-présidente Kamala Harris, qui fait figure de grande favorite pour décrocher l’investiture démocrate. Première femme et première personne de couleur à accéder à ce poste, elle dispose d’une stature et d’une exposition uniques pour s’imposer.
Avec le soutien de Joe Biden, Kamala Harris part avec une longueur d’avance. Mais gare aux challengers qui pourraient déranger ce scénario trop bien écrit.
Analyse un stratège démocrate
Une décision aux résonances très 2017
Inévitablement, l’annonce tonitruante de Joe Biden n’est pas sans rappeler le renoncement surprise de François Hollande il y a 6 ans. Impopulaire, contesté jusque dans son camp, le président français avait lui aussi renoncé à briguer sa succession dans un souci “d’unité”.
Une décision courageuse mais lourde de conséquences, qui avait précipité la déroute du PS et ouvert un boulevard à Emmanuel Macron. Joe Biden mesure-t-il tous les risques de son retrait ? L’avenir nous le dira.
Qui pour défier Donald Trump ?
Une chose est sûre, le départ du président sortant redistribue totalement les cartes démocrates à l’aube de ce qui s’annonce comme une présidentielle américaine de tous les dangers. Face au retour annoncé du volcanique Donald Trump, le parti de l’âne doit à tout prix trouver la perle rare.
- Kamala Harris saura-t-elle convaincre au-delà de son statut de dauphine naturelle ?
- Une figure de la gauche radicale émergera-t-elle lors de primaires incertaines ?
- Un(e) outsider à la Pete Buttigieg peut-il créer la surprise ?
Les paris sont ouverts, mais une certitude demeure : privés de la stature internationale de Joe Biden, les démocrates devront impérativement serrer les rangs et trouver un projet rassembleur. Sous peine de voir Donald Trump revenir par la grande porte en 2024. Le compte à rebours est lancé.
