Alors que le « Made in France » connaît un regain de popularité, les chiffres du commerce extérieur français demeurent préoccupants. Selon les dernières données publiées par les douanes, le déficit commercial de la France a poursuivi sa lente dégradation au mois d’octobre, s’établissant à 7,9 milliards d’euros. Un creusement qui soulève des interrogations sur les faiblesses structurelles de l’économie tricolore.
Le déficit commercial d’octobre en détails
Sur le seul mois d’octobre, le déficit commercial français a atteint 7,9 milliards d’euros, soit une légère aggravation par rapport aux mois précédents. Cette dégradation est principalement attribuable à une baisse des exportations, alors que les importations sont restées stables. En cumul sur 12 mois glissants, le déficit commercial demeure toutefois sur une trajectoire d’amélioration progressive, s’établissant à 81,4 milliards d’euros.
Poids de la facture énergétique
L’un des principaux facteurs contribuant au déficit commercial français est la flambée des prix de l’énergie, en particulier du pétrole et du gaz. Cette facture énergétique pèse lourdement sur la balance commerciale du pays, les importations d’hydrocarbures représentant une part conséquente des achats à l’étranger. Malgré des efforts pour développer les énergies renouvelables, la France demeure fortement dépendante des importations pour couvrir ses besoins énergétiques.
Compétitivité à l’export en question
Au-delà de l’impact de la facture énergétique, le déficit commercial révèle également des faiblesses en termes de compétitivité des entreprises françaises à l’export. Malgré des produits de qualité et des savoir-faire reconnus, les exportateurs tricolores peinent à gagner des parts de marché face à une concurrence internationale toujours plus vive. Des facteurs comme le coût du travail, la complexité administrative ou encore un positionnement parfois trop haut de gamme sont souvent pointés du doigt.
Il est urgent de renforcer l’appareil exportateur français en soutenant davantage nos PME et ETI sur les marchés étrangers. Nous devons les aider à monter en compétences, à innover et à se différencier.
Un expert en commerce international
L’industrie française en difficulté
Le déficit commercial français reflète aussi les problématiques auxquelles fait face le tissu industriel du pays. Malgré une volonté affichée de réindustrialisation, force est de constater que de nombreux secteurs restent en souffrance, confrontés à des enjeux de compétitivité-coût, d’attractivité ou encore de montée en gamme. Le déficit prononcé dans certaines filières comme l’automobile ou l’électronique témoigne de ces difficultés à faire face à la concurrence étrangère.
Des sources gouvernementales indiquent que des mesures pour soutenir l’industrie et améliorer la compétitivité sont à l’étude. Parmi les pistes envisagées :
- Un renforcement des aides à l’innovation et à la R&D pour les entreprises industrielles
- Des dispositifs pour favoriser la relocalisation de certaines productions stratégiques
- Une simplification des procédures administratives pour les exportateurs
- Un accompagnement renforcé à l’international, notamment via Business France
Quel impact sur la croissance ?
Si le déficit commercial français apparaît comme une faiblesse structurelle, son impact sur la croissance économique ne doit pas être surestimé pour autant. Le commerce extérieur contribue certes négativement à l’évolution du PIB, mais d’autres moteurs comme la consommation des ménages ou l’investissement des entreprises peuvent prendre le relais. La France dispose par ailleurs de points forts, à l’image de secteurs d’excellence mondialement reconnus comme l’aéronautique, le luxe ou l’agroalimentaire.
Réduire le déficit commercial est un enjeu important, mais ce n’est pas le seul levier de croissance. Nous devons activer tous les moteurs, de la demande intérieure à l’attractivité du territoire en passant par la montée en gamme de notre offre.
Une économiste
Avec ce nouveau creusement du déficit commercial en octobre, c’est la résilience du modèle économique français qui est interrogée. Entre dépendance énergétique, compétitivité en demi-teinte et tissu industriel en souffrance, les défis sont nombreux pour renverser durablement la tendance. La puissance publique comme les entreprises devront unir leurs efforts pour renforcer les atouts de la France dans le commerce international. Un impératif pour conforter la place de l’économie tricolore dans une mondialisation toujours plus concurrentielle.