C’est un spectacle de désolation qui s’offre au regard du maire de Limony, petit village ardéchois de 800 âmes. Partout, des maisons éventrées, des rues jonchées de débris, des voitures emportées par les flots. « Un véritable cataclysme » résume Richard Molina, les traits tirés par 48h sans sommeil. Depuis jeudi dernier, il enchaîne les visites auprès des sinistrés, coordonne les secours, rassure tant bien que mal une population sous le choc.
Un déluge d’une rare intensité
Tout a basculé jeudi matin vers 8h30. En quelques minutes, un embâcle de bois se forme au niveau du pont, forçant la rivière à sortir de son lit. Une pression phénoménale s’exerce sur l’ouvrage qui menace de céder. « Ces infrastructures ont toujours tenu bon jusque-là, confie le maire. Mais avec 700 mm de pluie, du jamais vu, difficile de faire mieux. Le vrai problème, ce sont tous ces arbres charriés par le courant qui se sont accumulés. »
Sauvetages in extremis
Très vite, l’eau envahit les rues, s’engouffre dans les maisons. Certains habitants n’ont que le temps de se réfugier à l’étage. « On a dû aller chercher une dame âgée bloquée chez elle avec une pelleteuse, raconte un riverain. Elle voulait sortir mais le courant était trop fort. » D’autres ont tout perdu, comme cette famille dont le garage a été entièrement submergé.
Un cataclysme, c’est impressionnant.
Richard Molina, maire de Limony
L’heure du bilan et de la reconstruction
Aujourd’hui, place à l’état des lieux. Et il est lourd. Deux passerelles ont été emportées, de nombreuses maisons sont inhabitables, les réseaux d’eau et d’électricité sont hors-service. Le coût des dégâts se chiffre en millions d’euros. Une somme colossale pour cette petite commune. « On n’a perdu personne, c’était notre priorité, positive Richard Molina devant la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, venue constater l’étendue du désastre.
Mais le plus dur reste à faire. Il va falloir déblayer, réparer, reconstruire. Un travail de titan qui prendra des mois, des années peut-être. Le maire sait qu’il peut compter sur la solidarité de ses administrés. Déjà, les habitants se retroussent les manches, s’organisent pour héberger les sinistrés, nettoyer, sauver ce qui peut l’être. Une belle leçon d’entraide et de résilience.
Des questions en suspens
Au-delà de la gestion de crise, ces inondations interrogent sur la vulnérabilité de nos territoires face aux événements climatiques extrêmes. Comment mieux protéger les populations ? Faut-il repenser l’aménagement des zones à risque ? Autant de questions auxquelles il faudra répondre pour éviter de revivre un tel cauchemar.
En attendant, le village de Limony se relève doucement. Son maire, en première ligne, ne ménage pas ses efforts. « On va s’en sortir, veut-il croire. Cela prendra le temps qu’il faudra, mais on va y arriver. » Un message d’espoir où se mêlent épuisement et détermination. La détermination d’un élu confronté à l’épreuve ultime mais prêt à tout pour sa commune.
