C’est une course contre la montre qui s’engage. Dans la nuit de lundi à mardi, à 6 heures précises, le décompte des temps de parole des partis politiques à la télévision et à la radio pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet débutera. L’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, a tranché : le chronomètre est lancé, et il va falloir scruter les secondes.
Un calendrier “extrêmement serré” pour l’Arcom
Le défi s’annonce de taille pour l’Arcom. “Normalement, nos recommandations prennent effet six semaines avant le scrutin, mais là, par définition, ça n’est pas possible”, souligne Roch-Olivier Maistre, président de l’autorité. La décision surprise d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale au lendemain des européennes a pris tout le monde de court, Arcom compris. Résultat, l’instance doit jongler avec un calendrier “extrêmement serré”, dixit son dirigeant.
Adopter les règles du jeu en un temps record
Pas question pour autant de faire l’impasse sur l’encadrement de la campagne audiovisuelle. L’Arcom a adopté sa recommandation lundi après-midi, pour une publication express au Journal officiel mardi. Modus operandi : les chaînes devront assurer un “accès équitable” à l’antenne pour tous les candidats et formations politiques. Équité ne rimant pas avec égalité, le temps de parole dépendra du poids de chaque parti.
Par “équité”, on entend une répartition du temps d’antenne en fonction de la représentativité des partis, basée sur leurs résultats aux dernières élections, leur poids dans les sondages et leur implication dans la campagne.
Roch-Olivier Maistre, Président de l’Arcom
Des contrôles renforcés pour garantir l’équité
Concrètement, les chaînes chronométreront les interventions des candidats, de leur parti et de leurs soutiens, puis transmettront leurs relevés à l’Arcom. Le gendarme de l’audiovisuel veillera au grain, et n’hésitera pas à intervenir en cas de dérapage. Vu le timing serré, les contrôles seront musclés :
- Relevés des temps de parole transmis deux fois par semaine, au lieu d’une seule en temps normal
- Possibilité pour l’Arcom de demander des ajustements rapides si nécessaire
- Adaptation des règles de la campagne officielle (clips, etc.) dans un délai ultra-court
L’enjeu : éviter qu’une formation ne profite d’une soudaine surexposition médiatique, tout en laissant les “petits” candidats se faire entendre. Un sacré numéro d’équilibriste, surtout avec un scrutin organisé sur les chapeaux de roues.
Top départ le 16 juin pour les candidats
Selon le décret publié lundi, les prétendants aux législatives ont jusqu’au 16 juin à 18h, dernier carat, pour se déclarer. Un délai rarissime pour des élections nationales. S’ensuivra un sprint final de deux semaines, durant lesquelles chaque seconde d’antenne sera scrutée par l’Arcom. Interviews, débats, meetings : tous les formats seront passés au crible.
Parallèlement, l’Arcom s’attellera à définir le format de la campagne officielle. Là encore, le régulateur devra faire vite : les fameux “clips” de campagne doivent être tournés par les partis et validés en amont. Tout un programme…
Bref, cette séquence électorale éclair promet de mettre les nerfs de l’Arcom à rude épreuve. Sera-t-il en mesure de garantir une campagne audiovisuelle équitable avec un tel timing de “mission impossible” ? Réponse dans les urnes, et sur les écrans. Une chose est sûre : pour les chaînes comme pour les candidats, chaque minute comptera double !