Le débat entre les têtes de liste aux élections européennes sur BFMTV lundi soir a offert un spectacle désolant et grotesque. Jordan Bardella pris pour cible, Raphaël Glucksmann demandant à une candidate de lui « lâcher les baskets », des invectives à tout-va… Cette campagne électorale vire au grand n’importe quoi et illustre la déconnexion croissante entre les politiques et les citoyens.
Bardella, gibier de potence mais grand gagnant ?
Cible privilégiée des attaques des autres candidats, Jordan Bardella a été matraqué par les qualificatifs d' »extrême droite » et même accusé de « pétainisme ». Mais dans un climat de défiance populaire envers la classe politique, ce statut de paria pourrait paradoxalement faire son jeu. Les derniers sondages le donnent en effet en progression à 34%.
Plus ils cognent sur le RN, plus ils le font monter.
Maxime Tandonnet, historien
La macronie en grande difficulté
Du côté de la majorité, c’est la Bérézina. Valérie Hayer, déstabilisée, admet ne pas être « experte » sur l’Ukraine. Une réponse quasi suicidaire révélatrice d’un profond malaise, sans doute amplifié par l’omniprésence d’Emmanuel Macron et ses déclarations intempestives sur le RN.
LR, la malédiction
François-Xavier Bellamy fait une excellente campagne, maîtrisant ses dossiers. Mais malgré cela, LR stagne dans les sondages. En cause : la malédiction de l’étiquette Les Républicains, soupçonnés par une partie de l’électorat de connivence avec le pouvoir en place, résultat des positions du parti pendant la crise sanitaire et sur les retraites.
Elections défouloir, vite oubliées ?
In fine, ce scrutin européen s’annonce comme un grand défouloir, dans la continuité de la crise des gilets jaunes. Mais une fois la colère exprimée dans les urnes, ces élections seront-elles vite oubliées, notamment à l’approche d’autres échéances comme les municipales ? L’avenir le dira.
Une chose est sûre : cette campagne électorale complètement lunaire restera dans les annales. Reste à espérer que les responsables politiques en tireront les leçons pour restaurer le lien de confiance, aujourd’hui rompu, avec les Français. Mais rien n’est moins sûr…
