Le monde de la danse est en émoi. Sergueï Polounine, le talentueux et controversé danseur ukraino-russe, vient d’annoncer à la surprise générale son intention de quitter la Russie, pays qu’il avait pourtant ardemment embrassé ces dernières années. Cette décision soudaine soulève de nombreuses interrogations sur les motivations profondes de celui qu’on surnomme le « mauvais garçon du ballet ».
Un parcours atypique et passionné
Né en Ukraine en 1989, Sergueï Polounine se fait remarquer très jeune par son talent exceptionnel. Formé à l’école du ballet russe, il intègre à seulement 19 ans le prestigieux Royal Ballet de Londres en tant que danseur étoile, devenant le plus jeune à accéder à ce titre dans l’histoire de la compagnie. Mais en 2012, coup de théâtre : il claque la porte, avide de liberté et de nouveaux défis artistiques.
Une vie personnelle tumultueuse
Parallèlement à sa carrière, sa vie privée fait aussi couler beaucoup d’encre. Tatouages, déclarations choc, frasques en tout genre… Sergueï Polounine cultive une image sulfureuse qui lui vaut le surnom de « bad boy » de la danse. Mais c’est surtout son soutien affiché à Vladimir Poutine et sa décision de prendre la nationalité russe en 2018 qui suscitent la polémique.
Un engagement pro-russe controversé
Sergueï Polounine ne cache pas son admiration pour le président russe, allant jusqu’à se faire tatouer son portrait sur la poitrine. Il applaudit l’annexion de la Crimée et s’installe à Sébastopol où il prend la direction du théâtre. Sur les réseaux sociaux, il relaie la propagande du Kremlin, affirmant que la Russie combat les « nazis » en Ukraine. Des prises de position qui lui valent de vives critiques, y compris dans le monde de la danse.
Les raisons d’un départ soudain
C’est donc avec stupeur que le public découvre son message énigmatique annonçant son départ de Russie. Que s’est-il passé ? Certains évoquent des craintes pour sa sécurité, le danseur ayant laissé entendre l’été dernier dans des vidéos qu’il était suivi et inquiet pour sa famille. D’autres y voient un possible revirement, même si le message, truffé de fautes et peu clair, est loin d’être une condamnation des actions russes en Ukraine.
Mon temps en Russie est terminé depuis longtemps, comme si j’avais pour l’instant rempli ma mission ici.
Sergueï Polounine sur son compte Instagram
Une « mission » qui reste pour le moins mystérieuse et nourrit les spéculations. S’agit-il d’un changement de cap artistique ? D’une volonté de prendre ses distances avec un régime de plus en plus décrié ? D’une nouvelle provocation ? Les hypothèses vont bon train.
Quelle suite pour le « mauvais garçon » du ballet ?
Une chose est sûre, Sergueï Polounine n’a pas fini de faire parler de lui. Celui qui déclarait récemment que Poutine était « l’homme le plus gentil et le plus talentueux » semble aujourd’hui tourner une page. Mais pour aller où ? Le danseur reste évasif, indiquant seulement que « l’endroit où nous irons n’est pas encore clair ».
Nombreux sont ceux qui espèrent que ce virage marque un retour du danseur prodige vers une carrière centrée sur son art, loin des polémiques et de la politique. Car au-delà de ses coups d’éclat, Sergueï Polounine reste avant tout un artiste au talent immense, capable de performances d’une intensité rare. Et c’est peut-être sur scène, en laissant son corps exprimer toute la complexité de son âme tourmentée, qu’il trouvera un nouveau souffle.
L’avenir nous dira si ce départ marque un véritable tournant ou une énième péripétie dans la vie tumultueuse de l’enfant terrible de la danse. Une chose est sûre : avec Sergueï Polounine, il faut s’attendre à tout, sauf à de l’indifférence. Car c’est aussi ce qui fait son aura si particulière : cette capacité à fasciner, à provoquer, à bousculer les codes, sur scène comme dans la vie. Un danseur hors norme, pour le meilleur et pour le pire.
