Imaginez. Vous fuyez votre pays ravagé par la guerre depuis des années. Un beau jour, le conflit prend fin et vous décidez de rentrer chez vous, le cœur gonflé d’espoir. Mais ce retour tant attendu se transforme en cauchemar. Car votre maison, votre champ, votre ville sont désormais truffés de mines, prêtes à exploser au moindre pas de travers. C’est la sombre réalité que vivent aujourd’hui des milliers de Syriens rapatriés, comme l’alerte l’ONG britannique Halo Trust.
Un pays miné par 13 ans de guerre
La Syrie sort à peine de 13 longues années d’un conflit dévastateur. Mais si les armes se sont tues, elles ont laissé derrière elles un héritage mortel : des millions de mines et d’obus non-explosés, disséminés aux quatre coins du pays. Des champs aux villages en passant par les villes, de vastes zones sont aujourd’hui de véritables champs de mines, menaçant quiconque ose y poser le pied.
Les rapatriés, premières victimes
Dans ce contexte, les Syriens qui décident de rentrer au pays après des années d’exil sont extrêmement vulnérables. Chaque jour, des dizaines de milliers d’entre eux traversent des zones hautement infestées, au péril de leur vie. Certains y laissent un membre, d’autres y perdent la vie. Rien que cette semaine, plusieurs familles revenues inspecter leur maison ont péri dans l’explosion de mines, relate l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Ces mines sont parsemées dans les champs, les villages et les villes et les gens sont extrêmement vulnérables.
Damian O’Brien, responsable Syrie de Halo Trust
L’urgence d’un déminage massif
Face à ce drame, Halo Trust tire la sonnette d’alarme. Pour l’ONG spécialisée dans le déminage, un effort international d’envergure est urgemment nécessaire pour se débarrasser de ces millions d’engins mortels. Il en va de la vie de centaines de milliers de Syriens, mais aussi de la possibilité d’une paix durable dans le pays. Sans un vaste programme de déminage, le retour des réfugiés et la reconstruction s’annoncent plus que périlleux.
La Syrie, deuxième pays le plus miné au monde
Selon l’Observatoire des mines, la Syrie se classe au deuxième rang mondial des pays les plus meurtriers en termes de mines, juste derrière la Birmanie. En 2023, ces engins y ont déjà fait 933 victimes. Un chiffre qui risque fort de s’alourdir avec le retour des réfugiés si rien n’est fait. Les initiatives de déminage, comme celles des Casques blancs qui ont neutralisé près de 500 obus non-explosés en 2 semaines, restent une goutte d’eau face à l’ampleur de la tâche.
La communauté internationale va-t-elle entendre cet appel à l’aide et se mobiliser pour que les Syriens puissent enfin rentrer chez eux en sécurité ? Chaque jour qui passe sans action est un jour de trop qui expose les rapatriés à un danger mortel. Le déminage de la Syrie est un préalable indispensable à toute reconstruction du pays. Espérons que cet enjeu crucial ne sera pas relégué aux oubliettes de l’après-guerre.