C’est une véritable tragédie qui frappe actuellement le Mozambique. Le cyclone Chido, qui a balayé ce pays d’Afrique australe le 15 décembre dernier après avoir dévasté Mayotte, continue de faire des victimes. Selon un nouveau bilan publié lundi par les autorités mozambicaines, au moins 120 personnes ont perdu la vie et près de 900 autres ont été blessées.
Les provinces du nord dévastées
Avec 110 morts et 500 000 sinistrés sur les quelque 700 000 personnes touchées par la catastrophe, la province de Cabo Delgado, dans le nord du pays, est de loin la plus affectée. D’après une source proche des secours, des scènes de désolation y ont été observées : des cases aux toits arrachés, des arbres couchés et même des bâtiments en dur amputés de leur toiture.
Au total, ce sont donc près de 5% de la population du Mozambique qui ont vu leur vie basculer en l’espace de quelques heures. Un chiffre impressionnant qui témoigne de la violence du phénomène.
Un pays régulièrement frappé
Malheureusement, les Mozambicains sont habitués à subir les assauts de Dame Nature. En 2019, les cyclones Idai et Kenneth avaient déjà fait 700 morts et plusieurs millions de sinistrés, laissant derrière eux d’immenses dégâts matériels. L’an passé, le pays figurait parmi les territoires les plus touchés par la pire sécheresse ayant frappé l’Afrique australe depuis un siècle.
Notre peuple paie un lourd tribut au dérèglement climatique alors même que nous en sommes parmi les moins responsables.
– Un responsable local
La crainte d’une crise alimentaire
Outre les pertes humaines directes, ce sont les conséquences à moyen et long terme qui inquiètent. Selon le Programme alimentaire mondial, 26 millions de personnes souffraient déjà d’insécurité alimentaire aiguë dans la région avant le passage de Chido. Un chiffre qui risque fort d’exploser dans les prochains mois.
Car les cultures ont été dévastées et le bétail décimé par la catastrophe. Dans un pays où 63% de la population vit de l’agriculture, c’est tout un pan de l’économie qui est à terre. Sans compter les dégâts sur les infrastructures qui compliquent l’acheminement de l’aide.
L’aide internationale se mobilise
Face à l’ampleur des besoins, la communauté internationale commence à se mobiliser. Plusieurs pays dont la France ont débloqué des fonds d’urgence. Des ONG comme la Croix-Rouge sont également sur le terrain pour distribuer des kits de première nécessité : eau, nourriture, couvertures…
Mais il faudra du temps pour panser les plaies et permettre aux populations de se relever. D’autant que le Mozambique figure parmi les pays les plus pauvres au monde, avec un PIB par habitant inférieur à 500 dollars par an. Un nouveau défi pour ce pays d’Afrique australe qui semblait enfin entrevoir la lumière après des années de guerre civile.
Un avenir sombre
Au-delà de la reconstruction qui s’annonce longue et coûteuse, c’est l’avenir même du Mozambique qui est en jeu. Avec le réchauffement climatique, les scientifiques s’attendent à une multiplication et une intensification de ce type de catastrophe dans les années à venir. De quoi sérieusement hypothéquer le développement de ce pays qui part déjà avec de lourds handicaps.
En attendant, la priorité est donnée à l’urgence humanitaire. Car derrière les chiffres vertigineux, ce sont des centaines de milliers de destins brisés qu’il faut tenter de recoller. Des enfants orphelins, des familles endeuillées, des villages rayés de la carte. Autant de vies à reconstruire dans un océan de larmes et de boue.
L’espoir vient peut-être de la jeunesse, cette génération climat qui ne compte pas rester les bras croisés face aux défis environnementaux. Au Mozambique comme ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à se mobiliser pour tenter d’infléchir le cours des choses. Car si l’avenir s’annonce sombre, il n’est pas encore écrit.