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Le Cyclisme Affronte Un Nouveau Défi : Les Vélos Vont-Ils Trop Vite ?

Trop d'accidents, des vitesses folles... Le cyclisme professionnel doit-il freiner avant le précipice ? Nouvelles règles, matériel repensé : les acteurs s'interrogent pour un sport plus sûr.

Le monde du cyclisme professionnel connaît une période troublée. Alors que les chutes spectaculaires se multiplient, avec parfois des conséquences tragiques comme le décès du jeune espoir Suisse Gino Mäder en juin dernier, une question brûlante agite le peloton et ses suiveurs : les vélos vont-ils désormais trop vite ?

Cette saison 2024 restera dans les annales pour le nombre impressionnant d’abandons sur chutes de grands noms du circuit. Wout Van Aert, Jonas Vingegaard, Remco Evenepoel, Primoz Roglic… Aucune star n’a été épargnée par ce fléau qui soulève de nombreuses interrogations sur l’évolution du matériel et la sécurité des coureurs.

Une vitesse devenue « infernale »

Au cœur du problème, les progrès fulgurants réalisés ces dernières années en termes d’aérodynamisme et de performance pure des vélos et de leurs composants. Selon Thierry Gouvenou, le directeur technique du Tour de France, le gain de vitesse obtenu récemment grâce au matériel avoisinerait les 10%.

« Je suis beaucoup de courses en voiture derrière le peloton et ça devient infernal. On roule à 90 km/h et les coureurs nous lâchent. On a du mal à escorter les courses. On arrive à un précipice »

Thierry Gouvenou, directeur technique du Tour de France

Un constat alarmant partagé par de nombreux acteurs du milieu. Pour Julien Jurdie, directeur sportif chez AG2R Citroën, la situation interpelle quand on voit son propre fils prendre une licence :

« Je fais ce métier depuis plus de 20 ans. Mon petit garçon vient de décider de prendre une licence de vélo et, honnêtement, je n’ai pas sauté au plafond. On voit toutes ces chutes… on se pose tous la question »

Julien Jurdie, directeur sportif AG2R Citroën

Des cadres et des roues en question

Si le comportement parfois agressif des coureurs et la dangerosité de certains parcours sont aussi pointés du doigt, c’est d’abord sur le matériel que se concentrent les critiques. Cadres et roues en carbone ultra rigide, guidons toujours plus fins, jantes très hautes, pneus à crampons, etc. Chaque composant est désormais optimisé à l’extrême pour la performance.

Marc Madiot, le manager de l’équipe Groupama-FDJ, n’hésite pas à faire le parallèle avec la Formule 1 qui a dû prendre des mesures pour ralentir les monoplaces devenues trop rapides pour les circuits.

« Quand les voitures vont trop vite par rapport au circuit, on les ralentit. Le sport automobile l’a fait. Et nous, on n’est pas foutus de ralentir un vélo »

Marc Madiot, manager Groupama-FDJ

Appel à une révolution réglementaire

Face à cette situation préoccupante, de plus en plus de voix s’élèvent pour demander un sérieux recadrage du matériel autorisé en compétition. Parmi les pistes les plus citées :

  • Limiter la hauteur des jantes
  • Imposer une largeur minimale pour les guidons
  • Réglementer les pneus voire imposer une marque unique
  • Réduire les braquets pour limiter les vitesses de pointe

Mais tous s’accordent sur un point : c’est à l’Union Cycliste Internationale (UCI) d’imposer de nouvelles règles pour encadrer cette course au développement technologique. Comme le résume Marc Madiot sans détour : « il faut qu’on ralentisse ».

Le Tour de France veut mobiliser l’industrie

Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, estime lui aussi qu’il est crucial d’ouvrir le dialogue avec les fabricants de cycles pour trouver des solutions. Car si rien n’est fait, le risque est grand de voir le cyclisme professionnel devenir encore plus dangereux qu’il ne l’est déjà.

Certaines équipes, comme DSM, ont déjà pris les devants avec des maillots renforcés pour limiter les brûlures en cas de chute. D’autres évoquent même la possibilité d’un « airbag » intégré dans les tenues pour mieux protéger les coureurs. Des innovations intéressantes mais qui ne règlent pas le problème à la source : la vitesse excessive des vélos actuels.

Alors que le peloton s’apprête à prendre le départ du Tour de France 2025 dans quelques jours, le débat est plus que jamais d’actualité. Les chutes spectaculaires et parfois dramatiques de cette saison 2024 ont agi comme un électrochoc. Il est temps pour le cyclisme de se réinventer pour préserver la santé de ses champions. Un sacré défi pour ce sport mythique qui cherche encore le bon équilibre entre tradition, spectacle et sécurité.

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