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Le cri d’alarme du gouverneur de la Banque de France sur les déficits

À deux semaines des législatives, le patron de la Banque de France met en garde contre les promesses dispendieuses des différents partis. Il appelle à...

Alors que la campagne des élections législatives bat son plein, avec son lot de promesses électorales parfois difficiles à financer, une voix s’élève pour appeler les différents partis à la prudence budgétaire. François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a en effet mis en garde mardi contre la tentation de « creuser encore davantage des déficits lourds qu’on ne saurait pas bien financer ».

La France dans le collimateur de Bruxelles

Cette mise en garde intervient alors que la Commission européenne s’apprête à ouvrir des procédures pour déficit excessif contre une dizaine de pays de l’UE, dont la France. Notre pays se trouve en effet dans une situation budgétaire préoccupante, avec une dette publique qui frôle les 3000 milliards d’euros et un déficit public qui a atteint 6,5% du PIB en 2022.

La dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier et la perspective de possibles blocages politiques à l’issue des législatives des 30 juin et 7 juillet ont aggravé les inquiétudes des marchés. Les taux d’emprunt de la France ont brutalement grimpé ces derniers jours, signe d’une défiance grandissante des investisseurs.

Surenchère de promesses coûteuses

Dans ce contexte tendu, François Villeroy de Galhau déplore la surenchère de promesses électorales qui risquent de dégrader encore plus les comptes publics :

Nous devons à nos concitoyens tout le respect, la considération, la vérité qu’ils attendent. Les respecter, c’est aussi reconnaître les exigences du réel, et ne pas creuser encore davantage des déficits lourds qu’on ne saurait pas bien financer.

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France

Que ce soit la coalition de gauche Nouveau Front populaire, le Rassemblement national ou même l’exécutif, tous multiplient en effet les propositions pour soutenir le pouvoir d’achat, au risque de faire exploser les déficits. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a lui-même mis en garde contre un risque de mise « sous tutelle » de la France par la Commission européenne et le FMI en cas de victoire de l’extrême-gauche ou de l’extrême-droite aux législatives.

Clarifier rapidement la stratégie économique

Pour restaurer la crédibilité de la France et rassurer les marchés, le gouverneur de la Banque de France appelle à « clarifier vite la stratégie économique et en particulier la stratégie budgétaire proposées pour notre pays ». Il est en effet urgent de définir une trajectoire crédible de réduction des déficits, en tenant compte à la fois de la nécessité de soutenir la croissance et de préserver notre modèle social.

Cela passera sans doute par des réformes structurelles pour maîtriser l’évolution des dépenses publiques sur le long terme, notamment en matière de retraites et de santé. Mais aussi par des mesures visant à dynamiser l’économie et l’emploi, seul moyen durable de faire rentrer davantage de recettes dans les caisses de l’État.

La tâche s’annonce ardue pour le prochain gouvernement, qui devra faire preuve de pédagogie et de courage pour expliquer aux Français la réalité de notre situation budgétaire. Mais c’est à ce prix que nous pourrons retrouver des marges de manœuvre pour financer nos priorités et préparer l’avenir, dans un monde de plus en plus incertain et concurrentiel.

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