L’effondrement spectaculaire du cours du lithium, matière première essentielle pour les batteries des véhicules électriques, fait trembler l’industrie. Mais au-delà des inquiétudes immédiates, c’est surtout la dépendance croissante à la Chine qui alarme les acteurs occidentaux. Kent Masters, patron du géant américain Abermarle, premier producteur mondial de lithium, tire la sonnette d’alarme. Dans une interview choc au Financial Times, il exhorte les gouvernements et constructeurs automobiles à agir de toute urgence pour bâtir des chaînes d’approvisionnement alternatives.
La Chine, reine incontestée du lithium
Si le métal blanc ne provient pas du sous-sol chinois, l’Empire du Milieu a tissé sa toile pour en contrôler jusqu’à 65% du raffinage grâce à des coûts imbattables et des aides étatiques massives. Un quasi-monopole qui fait peser un risque majeur sur la transition vers l’électrique dans laquelle le monde s’est engagé.
Nous ne recevons pas nécessairement le soutien du marché ou d’autres acteurs de l’industrie.
– Kent Masters, PDG d’Abermarle
L’Occident en retard
Malgré une prise de conscience, les mesures proposées par les gouvernements occidentaux semblent insuffisantes aux yeux de Kent Masters. Même l’ambitieux plan de Joe Biden sur les énergies propres n’a pas débouché sur des avancées concrètes pour sécuriser l’accès aux métaux critiques. En Europe, quelques projets émergent comme l’ouverture d’une mine dans l’Allier en France, mais à une échelle encore limitée face au rouleau compresseur chinois.
Un électrochoc nécessaire
Pour le patron d’Abermarle, il y a urgence à agir. Son groupe vient d’annoncer un vaste plan d’économies et gèle des projets d’extension face à la chute des cours. Mais au-delà, c’est toute une filière stratégique pour l’avenir qui est menacée si l’Occident ne réagit pas à la hauteur de l’enjeu. Kent Masters espère que son cri d’alarme servira d’électrochoc pour enrayer une spirale dangereuse de dépendance avant qu’il ne soit trop tard.