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Le Cours De l’Arabica Atteint Des Sommets Inédits

Le café arabica flambe, touchant des niveaux inégalés depuis près d'un demi-siècle ! Les caféiculteurs retiennent leurs grains malgré une demande en hausse, craignant de mauvaises récoltes. Découvrez les dessous de cette envolée des prix...

Les amateurs de café sont en émoi. Le cours de l’arabica, cette variété noble prisée des connaisseurs, vient d’atteindre des sommets jamais explorés depuis l’année 1977. Un niveau record qui s’explique par un cocktail d’inquiétudes sur les récoltes, en particulier au Brésil, premier producteur mondial, et une demande toujours aussi forte.

Le Brésil au cœur des préoccupations

Mercredi dernier, la bourse new-yorkaise a vu le cours de l’arabica s’envoler pour atteindre la barre symbolique des 320,10 cents la livre. Du jamais vu depuis près d’un demi-siècle ! Un niveau qui s’explique avant tout par les vives inquiétudes entourant les récoltes au Brésil cette année. Le pays, plus grand producteur mondial d’arabica, a été durement touché par des épisodes de sécheresse importants au cours des derniers mois.

Après une longue période aride et torride au début de l’année, les caféiers brésiliens ont certes bénéficié de pluies salvatrices en octobre. Mais ces précipitations tardives ont suscité une floraison exceptionnelle des arbres dans la plupart des régions productrices. Un phénomène qui, pour les analystes, suscite des craintes non négligeables pour les récoltes futures.

Il y a une incertitude sur le déroulement de cette floraison massive, qui soulève des inquiétudes importantes pour la récolte 2025/26.

Guilherme Morya, analyste chez Rabobank

Un processus de floraison crucial

Car le processus de floraison est une étape clé dans le cycle de production du café. Si les fleurs ne parviennent pas à se fixer solidement sur les branches des caféiers, elles ne pourront pas se transformer en ces fameuses cerises qui abritent les précieux grains. Une mauvaise fixation florale et c’est toute la récolte future qui peut être compromise.

Face à ces craintes sur l’offre de café, les producteurs ont tendance à retenir leurs stocks. Malgré une demande mondiale toujours aussi dynamique, ils préfèrent conserver une partie de leur production en attendant d’y voir plus clair sur les perspectives des prochaines récoltes. Un attentisme qui contribue à maintenir des prix élevés sur les marchés.

Un contexte géopolitique tendu

Cette situation est exacerbée par un contexte géopolitique plein d’incertitudes. Entre les tensions dans la mer Rouge qui perturbent le transport maritime, la menace de droits de douane américains et les futures réglementations européennes sur la déforestation, de nombreux facteurs contribuent à soutenir les cours des matières premières agricoles en général, et du café en particulier.

Dans ce contexte d’incertitude, les agriculteurs choisissent de ne vendre que ce qui est nécessaire, limitant ainsi l’offre de café sur le marché local.

Guilherme Morya, analyste chez Rabobank

Le Vietnam aussi sous pression

Cette pression sur l’offre ne concerne d’ailleurs pas uniquement l’arabica. Le robusta, variété meilleur marché utilisée pour le café instantané notamment, connaît aussi une envolée historique des prix. Coté à Londres, il s’échange désormais autour des 5200 dollars la tonne après avoir atteint mi-septembre un pic à 5829 dollars. Un prix record depuis l’ouverture du marché à terme en 2008 !

Et pour cause, le Vietnam, premier producteur mondial de robusta, fait aussi face à des conditions météorologiques défavorables. Le pays subit en effet un épisode de sécheresse inhabituel pour la saison, qui pourrait peser sur les volumes produits. De quoi maintenir la pression sur les prix dans les mois à venir.

Un réveil amer pour le consommateur ?

Si cette flambée des cours fait les affaires des spéculateurs et pourrait à terme profiter aux producteurs, elle risque bien de laisser un goût amer aux amateurs de café. Déjà échaudés par l’inflation alimentaire, les consommateurs pourraient voir le prix de leur expresso préféré augmenter dans les prochains mois.

Les industriels et torréfacteurs ont en effet de plus en plus de mal à s’approvisionner en café de qualité à des prix raisonnables. Si la tendance persiste, ils n’auront d’autre choix que de répercuter ces hausses de coûts sur le prix final du paquet. Un réveil difficile en perspective pour les accros au petit noir matinal.

Reste à espérer que les conditions météorologiques s’améliorent dans les grands pays producteurs et que les tensions géopolitiques s’apaisent. C’est à ce prix que le marché du café pourra retrouver un peu de sérénité et que les amateurs pourront continuer à savourer leur boisson favorite sans trop se serrer la ceinture. En attendant, il faudra surveiller de près l’évolution des cours dans les prochaines semaines. Le café n’a sans doute pas fini de nous réserver des surprises…

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