C’est une annonce qui ébranle une fois de plus le fragile équilibre au Proche-Orient. Lors d’une allocution solennelle, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a révélé qu’une opération spéciale avait permis de récupérer le corps d’Itay Svirsky, un otage israélien enlevé en octobre 2023 par le Hamas et tué pendant sa captivité à Gaza en janvier 2024. Plus d’un an après le début d’une nouvelle vague de violence entre Israël et le groupe islamiste palestinien, cette nouvelle suscite une vive émotion dans le pays.
Itay Svirsky, âgé de 38 ans, avait été capturé le 7 octobre 2023 alors qu’il rendait visite à ses parents dans le kibboutz Beeri, près de la frontière avec Gaza. Le village avait été le théâtre d’un raid sanglant des commandos du Hamas au cours duquel les parents d’Itay avaient perdu la vie. Son enlèvement avait été un choc supplémentaire pour la nation. En janvier 2024, après de longs mois sans nouvelles fiables, l’armée israélienne avait fini par le déclarer officiellement mort.
Une opération spéciale pour rapatrier les corps
Les forces armées israéliennes, en collaboration avec le Shin Bet, le service de sécurité intérieur, ont monté une opération secrète d’envergure pour tenter de ramener sur le sol israélien les dépouilles des otages tués. Au péril de leur vie, les soldats ont mené un raid audacieux au cœur de la bande de Gaza.
Le ministre de la Défense Benny Gantz a salué « l’héroïsme et le dévouement » des forces spéciales impliquées dans cette mission à haut risque. Il a également eu une pensée pour les familles endeuillées, soulignant que « ramener nos fils à la maison est un devoir sacré ».
Le cri du cœur des proches
Pour les familles des otages, c’est un premier pas vers une forme d’apaisement, même si la douleur reste immense. Le Forum des familles d’otages, qui représente la majorité des proches des Israéliens enlevés à Gaza, a « salué le retour du corps d’Itay ». Mais dans le même temps, il a exigé « la libération immédiate des otages encore en vie ».
Les familles attendent toujours leurs proches après 425 jours de captivité. De nombreux otages sont encore en vie mais en grave danger, et il est nécessaire de les libérer immédiatement.
Communiqué du Forum des familles d’otages
Car le sort d’Itay Svirsky n’est malheureusement pas isolé. Lors de l’attaque du 7 octobre 2023, le Hamas avait enlevé 251 civils israéliens. D’après les derniers chiffres de l’armée, 96 d’entre eux seraient toujours retenus à Gaza. Et parmi ces otages, 34 auraient été déclarés morts sans que les circonstances de leur décès ne soient clairement établies.
Une enquête qui lève le voile sur un drame
Mais alors que s’est-il passé exactement ? Une enquête de l’armée israélienne a tenté d’apporter des réponses, en se penchant notamment sur le cas de six otages dont les corps avaient été restitués en août dernier. Ses conclusions sont glaçantes.
Il est fort probable que leurs décès soient liés à la frappe (israélienne) près de l’endroit où ils étaient retenus. Selon le scénario le plus plausible, les terroristes ont tiré sur les otages au moment de la frappe.
Extrait du communiqué de l’armée israélienne
Autrement dit, ces six otages auraient été froidement exécutés par leurs geôliers du Hamas en février 2024, au moment même où les forces israéliennes tentaient de les secourir. Une tragédie dans la tragédie qui illustre la cruauté du groupe islamiste mais aussi les dilemmes auxquels Israël est confronté dans sa lutte contre le terrorisme.
Vers une désescalade des tensions ?
Malgré l’horreur de la situation, certains veulent croire que le rapatriement du corps d’Itay Svirsky et les nouvelles informations sur le sort des otages pourraient paradoxalement ouvrir la voie à une forme de désescalade. C’est en tout cas ce que laisse entendre le ministre de la Défense israélien.
Il y a une possibilité qu’en ce moment, on puisse arriver à un accord sur les otages.
Benny Gantz, ministre israélien de la Défense
Depuis plus d’un an, Israël et le Hamas sont engagés dans un bras de fer sans merci, avec son lot quotidien de bombardements, de représailles et de victimes civiles. Et la question des otages est au cœur de cette confrontation. En acceptant de restituer certains corps, le Hamas envoie peut-être un signal, même timide. Reste à savoir s’il sera prêt à aller plus loin et à relâcher les captifs encore en vie.
De son côté, le gouvernement israélien est sous la pression des familles qui vivent un cauchemar éveillé depuis de longs mois. Mais il doit aussi composer avec une opinion publique qui oscille entre soif de vengeance et lassitude face à un conflit qui semble sans fin. Le chemin vers une éventuelle trêve sera long et semé d’embûches. Mais dans les ruelles de Gaza comme dans les villes israéliennes, beaucoup espèrent que le retour à la maison d’Itay Svirsky marquera le début d’un changement, aussi infime soit-il.