25 juillet 2024, une date qui restera dans les annales du football français. Ce jour-là, DAZN, plateforme de streaming sportif en pleine ascension, décroche les droits TV de 8 matches de Ligue 1 par journée pour la période 2024-2029, pour un montant record de 400 millions d’euros par saison. Un contrat historique qui suscite alors un immense espoir pour le championnat français. Mais moins d’un an plus tard, l’heure est aux doutes et aux tensions entre DAZN et la Ligue de Football Professionnel (LFP). Comment en est-on arrivé là ?
Un lancement sous haute tension
Dès l’annonce des tarifs d’abonnement fin juillet 2024, fixés à 29,99€ par mois avec engagement et 39,99€ sans, de premières critiques émergent. Beaucoup jugent ces prix trop élevés pour suivre la Ligue 1. Le PDG de DAZN, Shay Segev, se veut rassurant, tablant sur 1,5 million d’abonnés d’ici 6 mois, et défend « un juste prix » au vu de l’offre proposée. Mais le doute s’installe.
Un démarrage poussif
Le 16 août 2024, DAZN diffuse son premier match de Ligue 1, une rencontre Le Havre-PSG. Si la qualité de diffusion est au rendez-vous, les abonnements, eux, tardent à décoller. Selon des sources proches du dossier, la barre des 500 000 abonnés ne serait atteinte qu’en octobre. DAZN lance alors des offres promotionnelles agressives pour attirer de nouveaux clients. Le tarif passe à 19,99€/mois avec engagement, puis cette offre est pérennisée devant la frilosité des fans.
Innovations et piratage
Pour convaincre un plus large public, DAZN mise sur l’innovation. En décembre 2024, la plateforme lance un magazine dominical en direct, gratuit sur son appli et YouTube. En janvier 2025, elle renforce ses équipes de commentateurs et journalistes bord terrain, propose un pass mi-saison à prix réduit, et une offre jeune à 10€/mois. Des efforts louables, mais qui peinent à endiguer un phénomène de plus en plus préoccupant : le piratage des flux. DAZN et la LFP s’en inquiètent publiquement, appelant les clubs à une meilleure collaboration pour fournir des contenus plus qualitatifs et exclusifs.
Crise de confiance
Mais le 12 février 2025, c’est le coup de tonnerre. Arguant du manque à gagner dû au piratage et du manque de soutien des clubs pour produire des contenus innovants, DAZN ne s’acquitte que de la moitié des 35 millions d’euros dus à la LFP. Un séisme qui rappelle le fiasco Mediapro de 2020. Les deux parties sont désormais en conflit ouvert, laissant planer le doute sur la pérennité de leur partenariat.
On peut aller beaucoup plus loin et être plus innovant. Mais il faut une vraie collaboration avec l’ensemble de l’écosystème. Le manque à gagner dû au piratage est majeur.
– Brice Daumin, DG de DAZN France
Après des débuts prometteurs, l’accord entre DAZN et la LFP traverse donc aujourd’hui une zone de fortes turbulences. En jeu, l’avenir des droits TV de la Ligue 1, l’exposition du championnat, et plus globalement le modèle économique des acteurs du streaming sportif face au piratage endémique. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour trouver une issue à ce bras de fer qui inquiète tout le football français. Une chose est sûre : un an après sa signature en grande pompe, le « contrat du siècle » entre DAZN et la LFP est aujourd’hui sérieusement remis en question. L’heure est à la négociation pour éviter un nouveau fiasco des droits TV…