Alors que la répression s’intensifie en Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, un conseiller du Kremlin a fait une déclaration pour le moins surprenante. Selon Valéri Fadeïev, conseiller pour les droits de l’Homme, il n’y aurait pas de répression politique dans le pays mais simplement “des mesures sanitaires” ciblant ceux qui se sont rangés “du côté de l’ennemi”. Une rhétorique qui en dit long sur la vision du pouvoir russe.
“Nous sommes en guerre contre l’Occident”
Pour justifier ces soi-disant “mesures sanitaires”, Valéri Fadeïev invoque un contexte particulier : “Actuellement, nous sommes effectivement devant une situation difficile et dure, nous sommes en guerre contre l’Occident”. Une guerre qui semble légitimer, aux yeux du Kremlin, une forme de “purge” de la société russe.
Dès le début du conflit en Ukraine, le président Vladimir Poutine avait d’ailleurs salué une “auto-purification réelle et nécessaire de la société” censée renforcer le pays. Son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait lui estimé en janvier que l’offensive permettait de “purger” la Russie de ceux ne ressentant pas d’appartenance à son histoire et sa culture.
Une répression tous azimuts
Derrière la novlangue du pouvoir, la réalité est bien celle d’une répression féroce s’abattant sur toutes les voix dissidentes en Russie. Depuis février 2022, les arrestations se sont multipliées pour espionnage, trahison, sabotage, extrémisme ou même de simples critiques de l’armée russe.
La quasi-totalité des opposants sont aujourd’hui soit en prison, soit en exil à l’étranger. Certains, comme Alexeï Navalny, sont même morts des suites de cette répression implacable. Selon l’ONG Memorial, co-lauréate du prix Nobel de la paix en 2022 et désormais interdite en Russie, il y aurait au moins 768 prisonniers de conscience dans le pays. Un chiffre probablement très en-deçà de la réalité.
Un conseil pour les droits de l’Homme aux abonnés absents
Face à cette situation, on pourrait s’attendre à ce que le Conseil pour les droits de l’Homme, organe consultatif officiel, plaide pour des amnisties comme par le passé. Mais interrogé sur le sujet, son directeur Valéri Fadeïev botte en touche : “Ce n’est pas à l’ordre du jour”.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait d’ailleurs donné le ton début septembre en estimant que “la censure est justifiée” au vu de “l’état de guerre dans lequel nous nous trouvons”. Une manière d’enterrer un peu plus le respect des droits humains et des libertés fondamentales en Russie.
Alors, “mesures sanitaires” ou répression politique ?
Au final, la déclaration de Valéri Fadeïev apparaît surtout comme un exercice de langue de bois visant à masquer la triste réalité. Car derrière l’expression de “mesures sanitaires”, c’est bien une répression brutale et systématique qui est à l’oeuvre en Russie.
Une répression qui vise à faire taire toute voix critique et à imposer un discours unique en soutien au pouvoir et à sa “guerre contre l’Occident”. Une dérive autoritaire dangereuse qui semble malheureusement partie pour durer, tant que le conflit en Ukraine perdurera et servira de prétexte à tous les abus.
Les récentes déclarations de hauts responsables russes montrent en tout cas que le pouvoir n’entend pas infléchir sa politique répressive. Au contraire, il semble déterminé à poursuivre sa “purge” de la société au nom d’une guerre dont les répercussions s’annoncent durables et dévastatrices pour les libertés en Russie.