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Le « Conclave » sur les Retraites : Un Pari Osé de François Bayrou

François Bayrou réunit les partenaires sociaux pour un "conclave" de 3 mois sur la réforme des retraites. Un pari audacieux pour dégager un consensus, mais est-ce plus qu'un coup de com' ? Décryptage avec un constitutionnaliste.

Face à la contestation persistante contre la réforme des retraites, le premier ministre François Bayrou a décidé de réunir les partenaires sociaux pour un « conclave » de trois mois. L’objectif ? Dégager un consensus pour modifier la réforme sans « aucun totem ni tabou ». Une initiative inédite et risquée, qui soulève de nombreuses questions.

Un « conclave » pour sortir de l’impasse ?

Baptisée « conclave » en référence à l’assemblée des cardinaux pour élire un pape, cette réunion des partenaires sociaux se veut un électrochoc pour débloquer la situation. Pendant trois mois, syndicats et patronat devront plancher, sans la présence du gouvernement, pour proposer une modification consensuelle de la réforme des retraites. Une gageure vu les positions tranchées des uns et des autres.

Le « conclave », c’est un peu du cinéma.

Dominique Chagnollaud, constitutionnaliste

Un pari osé et incertain

Pour le constitutionnaliste Dominique Chagnollaud, contacté par une source proche du dossier, ce « conclave » relève plus de la communication que d’une réelle avancée constitutionnelle. « Je ne vois pas bien ce qu’il y a de constitutionnel là-dedans si ce n’est le vote d’une loi à l’issue », estime-t-il. Un pari risqué donc, dont l’issue est plus qu’incertaine.

D’autant que les partenaires sociaux, échaudés par les précédentes consultations, se montrent plus que sceptiques. Certains y voient une manœuvre dilatoire pour gagner du temps et éviter une motion de censure à l’Assemblée. D’autres craignent d’être instrumentalisés pour légitimer des décisions déjà prises en coulisses.

Des lignes rouges à ne pas franchir

Car si François Bayrou promet des discussions « sans aucun totem ni tabou », il a posé d’emblée des lignes rouges comme le maintien de l’équilibre financier du système. Une façon de limiter drastiquement les marges de manœuvre, alors que les syndicats réclament le retrait pur et simple de la réforme. Difficile dans ces conditions d’arriver à un compromis satisfaisant pour tous.

Le gouvernement lui-même semble divisé sur l’opportunité de ce « conclave ». Certains ministres craignent un bras de fer avec les syndicats qui ne ferait qu’aggraver les tensions. D’autres y voient l’occasion de renouer le dialogue et de déminer le terrain social avant les futures échéances électorales. Un pari à quitte ou double pour l’exécutif.

Une réforme incontournable ?

Car au-delà de la méthode, c’est bien le fond de la réforme qui cristallise les oppositions. Avec un système de retraites déficitaire et une espérance de vie qui ne cesse de progresser, le statu quo semble difficilement tenable à long terme. Mais les partenaires sociaux divergent sur les solutions à apporter, entre recul de l’âge légal, allongement de la durée de cotisation ou encore mise à contribution des hauts revenus.

Autant de sujets explosifs sur lesquels il sera difficile de trouver un terrain d’entente en trois mois, malgré la pression du calendrier. Car en cas d’échec, c’est bien l’avenir du quinquennat qui se jouera, avec le risque d’un blocage durable et d’une contestation qui pourrait déborder dans la rue. Un scénario cauchemar pour l’exécutif.

Un coup de poker pour Bayrou

En jouant la carte du « conclave », François Bayrou tente donc un coup de poker pour sortir par le haut d’une séquence délicate. Mais en cas d’échec, c’est sa crédibilité de premier ministre « rassembleur » et « à l’écoute » qui risque d’être sérieusement écornée. Un pari osé pour celui qui rêvait d’incarner une troisième voie entre la majorité présidentielle et les oppositions.

Réussira-t-il son pari ? Réponse dans trois mois, à l’issue d’un « conclave » qui s’annonce d’ores et déjà sous haute tension. Une chose est sûre : l’avenir de la réforme des retraites, et peut-être celui du quinquennat, se jouera en partie dans cette concertation à huis clos. Avec le risque qu’elle accouche d’une souris, faute de compromis possible entre des positions difficilement conciliables.

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