Quand le 7ème art s’empare d’un grand classique de la littérature, les lecteurs suivent. La sortie très remarquée de l’adaptation cinématographique du Comte de Monte-Cristo par Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière le 28 juin dernier a entraîné une véritable ruée vers les librairies. En seulement 9 jours, le film a attiré près de 2 millions de spectateurs en salles. Et dans le même temps, le célébrissime roman-feuilleton d’Alexandre Dumas publié entre 1844 et 1846 a vu ses ventes littéralement exploser.
Gallimard surfe sur le succès du film
La maison d’édition Gallimard, qui a noué un partenariat exclusif avec la production pour réimprimer ses éditions Folio à l’effigie de l’affiche du film, se frotte les mains. Blanche Cerquiglini, l’éditrice, se félicite : « Les ventes de l’édition Folio qui arbore l’affiche du film ont été multipliées par 10 depuis la sortie du film par rapport à un mois normal. » Un coup d’œil aux meilleures ventes sur les sites marchands confirme le phénomène : le tome 1 du Comte de Monte-Cristo caracole en 7ème position sur Fnac.com. Même les petites librairies indépendantes profitent de l’engouement, à l’image de la librairie « Les arpenteurs » à Paris qui témoigne avoir vendu en 3 semaines l’équivalent d’une année entière.
L’effet durable des adaptations
Et la vague Monte-Cristo devrait perdurer bien au-delà de la période d’exploitation du film en salles, comme l’explique Blanche Cerquiglini :
C’est ce qu’on appelle l’effet de traîne : même quand la période d’exploitation du film est passée, il reste un effet bénéfique dans les mois et même les années qui suivent, le livre continue de se vendre mieux qu’avant la sortie du film.
Blanche Cerquiglini, éditrice chez Gallimard
Un phénomène déjà observé l’an dernier avec l’adaptation des Trois Mousquetaires ou encore en 2021 pour Illusions Perdues de Xavier Giannoli, auréolé du César du meilleur film. Au-delà d’un business juteux, ces adaptations grand public sont une formidable opportunité d’amener de nouveaux lecteurs, notamment les jeunes, à se plonger dans ces monuments littéraires réputés difficiles d’accès. Un véritable « effet booster » salué par les professionnels.
Une reconnaissance pour les classiques
Là où certains puristes pourraient crier au sacrilège, ces adaptations sont surtout la preuve que les grands classiques de la littérature ont encore toute leur place dans notre époque et parlent au plus grand nombre. Preuve en est, les derniers films tirés d’œuvres majeures du 19ème siècle trustent le haut du box-office et raflent les récompenses :
- 1,4 million d’entrées pour Illusions Perdues en 2021 – César du meilleur film
- 3,2 millions d’entrées pour Cyrano en 2022 – 10 nominations aux César
- 2,6 millions d’entrées pour Les Trois Mousquetaires en 2023
Des chiffres impressionnants pour des films tirés de romans publiés il y a presque 200 ans. La preuve que les thématiques universelles abordées par les plus grands noms de la littérature française – Balzac, Rostand, Dumas – résonnent encore avec force aujourd’hui.
Le pari est donc réussi pour Pathé et Gaumont qui ont misé sur de grosses productions mettant en lumière ce patrimoine littéraire national. Un choix aussi courageux qu’enthousiasmant à l’heure où le cinéma français peine souvent à rivaliser avec les blockbusters américains. Espérons que le triomphe du Comte de Monte-Cristo donnera des idées à d’autres producteurs. Les Misérables nouvelle génération ? La Cousine Bette sauce Netflix ? Les possibilités sont infinies pour régaler les cinéphiles et les amoureux des belles lettres.