En ce mardi d’élection, une inquiétude majeure habite les esprits des électeurs se rendant aux urnes à Erié, un comté de la Pennsylvanie réputé pour refléter souvent le choix final dans les élections présidentielles américaines : la sauvegarde de l’emploi dans cette région ouvrière.
Mason Ken Thompson, 66 ans, confie après avoir voté : “Les emplois industriels ont disparu à Erié. C’est un gros problème et le président Trump n’a rien fait pour y remédier”. Comme lui, de nombreux électeurs de ce comté de 270 000 habitants attendent des réponses concrètes des candidats sur cet enjeu crucial.
Un comté ouvrier hautement stratégique
Situé dans le coin nord-ouest de la Pennsylvanie, sur les rives du lac Érié, le comté du même nom concentre tous les défis auxquels est confronté cet État clé. Avec 19 grands électeurs attribués au vainqueur, la Pennsylvanie pèse plus que tout autre swing state. Et les sondages donnent les deux candidats au coude-à-coude.
Ancien fleuron industriel avec ses aciéries, usines de plastique et papeteries, Érié a été durement touché par l’automatisation et les délocalisations ces dernières décennies. “Beaucoup de jeunes s’en vont, il faut absolument trouver une solution pour les garder ici”, s’alarme Chris Quest, une électrice de 69 ans.
Un comté qui change de camp
Historiquement acquis aux démocrates, le comté d’Érié avait créé la surprise en 2016 en votant pour Donald Trump, une première pour un candidat républicain depuis Ronald Reagan dans les années 80. Mais en 2020, il a de nouveau basculé en faveur de Joe Biden, pour une courte avance de 1 417 voix.
Cette volatilité reflète une certaine désillusion vis-à-vis des deux grands partis. Darlene Taylor, une électrice vivant des aides sociales, estime qu’il faut “fermer la frontière” pour préserver les emplois. “On ne veut pas de quatre années supplémentaires d’inflation et de mensonges”, affirme-t-elle, affichant sa préférence pour les républicains.
Le vide laissé par la désindustrialisation
Si les services représentent désormais la majorité des emplois, l’industrie conserve une place importante à Érié. Mais les fermetures et restructurations ont laissé des traces. En 2019, la vente par General Electric de son usine historique de locomotives, qui employait plusieurs milliers de personnes à son apogée, a été un choc.
Rachetée par Wabtec, l’usine ne compte plus qu’un millier de salariés aujourd’hui. Des subventions ont été débloquées pour y développer la production de piles à hydrogène pour trains. Mais beaucoup attendent davantage de leurs élus. “Il faut qu’ils commencent à aider les gens ici”, réclame Henry Miller, un employé de Wabtec.
L’emploi comme facteur décisif
Pour espérer l’emporter en Pennsylvanie et décrocher la présidence, les candidats devront convaincre sur leur capacité à enrayer le déclin industriel dans des comtés comme Érié. Avec une participation s’annonçant très forte, la question de l’emploi sera sans doute déterminante dans les urnes.
Les électeurs d’Érié, lassés des promesses, attendent cette fois des actes. “Je ne sais pas pourquoi on est devenu si importants, mais ici nous sommes comme un facteur décisif”, souligne Marchelle Beason, 46 ans, après avoir voté. Un enjeu de taille pour ce comté emblématique des difficultés de la classe ouvrière américaine.